Amnesty International a publié, ce jeudi, un rapport explosif mettant en lumière la responsabilité directe de 15 grandes entreprises dans la perpétuation des crimes commis contre les Palestiniens, à travers la fourniture d’armes, de technologies de surveillance, ou encore la gestion de ressources essentielles.
Parmi les groupes cités, on retrouve des piliers de l’industrie militaire américaine comme Boeing et Lockheed Martin, accusés de fournir avions, bombes et systèmes de guidage utilisés dans les frappes à Gaza. Les sociétés israéliennes Elbit Systems, Rafael Advanced Defense Systems et Israel Aerospace Industries sont elles aussi mises en cause pour leurs drones et missiles testés en conditions réelles sur le terrain palestinien.
Côté technologie, Amnesty pointe du doigt Palantir (États-Unis) et Hikvision (Chine), dont les systèmes de traitement de données et de reconnaissance faciale alimentent l’appareil sécuritaire israélien. La société israélienne Corsight est également accusée d’alimenter un système de surveillance intrusive des populations palestiniennes.
Eau, transports, démolitions: l’économie au service de l’occupation
Le rapport ne se limite pas à l’armement. Mekorot, la compagnie israélienne des eaux, est accusée de pratiques discriminatoires privant les Palestiniens d’un accès équitable à cette ressource vitale. L’espagnole CAF est visée pour son implication dans le projet ferroviaire de Jérusalem-Est, qui consolide l’expansion des colonies illégales. Enfin, le groupe sud-coréen HD Hyundai est accusé de fournir engins et services utilisés dans les démolitions de maisons palestiniennes.
Pour Amnesty, ces partenariats économiques ne sont pas de simples transactions commerciales : ils constituent des complicités actives dans des crimes pouvant relever du génocide, des crimes de guerre et du crime d’apartheid. L’ONG appelle les États à interdire la fourniture d’armes et de technologies susceptibles d’alimenter les violations, et exige des entreprises qu’elles mettent fin à tout contrat ou activité facilitant la répression.
“Tant que ces compagnies continueront à fournir leurs produits et services, elles contribueront à un système de violences et de discriminations massives”, alerte Amnesty.
Le rapport place aussi les gouvernements occidentaux face à leurs responsabilités : plusieurs d’entre eux autorisent toujours l’exportation d’armes vers Israël malgré les risques évidents de violations du droit international. Les investisseurs institutionnels sont également interpellés, sommés de se désengager de ces entreprises.
Un tournant pour la campagne de responsabilisation ?
Avec ce rapport, Amnesty ne se contente plus de dénoncer le système israélien d’occupation et d’apartheid, elle désigne désormais des acteurs économiques précis, trace des liens concrets et exige des sanctions.
Le rapport pourrait nourrir les campagnes de désinvestissement et renforcer la pression internationale pour rompre les complicités économiques avec la politique israélienne à Gaza et en Cisjordanie.