POLITIQUE
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Les États-unis blanchissent l’accueil de réfugiés
Les États-Unis ont annoncé jeudi réduire considérablement le nombre de réfugiés qu'ils sont prêts à accueillir chaque année, tout en privilégiant les blancs d'Afrique du Sud.
Les États-unis blanchissent l’accueil de réfugiés
Une femme porte une casquette «Make Afrikaners Great Again» (MAGA) en référence au MAGA américain, à Pretoria, le 15 février 2025 / AFP
il y a 20 heures

Les États-Unis redéfinissent le statut de réfugié, ce n’est plus “toute personne souffrant de discrimination politique, réligieuse ou économique et dont la vie est en danger”, c’est devenu pour l’administration Trump, plutôt une personne blanche chrétienne.

C’est en tout cas un revirement majeur de la  tradition d'accueil bien ancrée des Etats-Unis. L’administration Trump a fixé à quelque 7.500 le nombre de personnes qui se verront accorder le statut de réfugié cette année, contre quelque 100.000 par an sous l'ancien président démocrate Joe Biden.

La vaste majorité sera composée d'Afrikaners, des descendants des premiers colons européens en Afrique du Sud, selon un document de la Maison Blanche rendu public jeudi.

"Le nombre d'admissions sera principalement réparti entre les Afrikaners d'Afrique du Sud (...) et d'autres victimes de discrimination illégale ou injuste dans leur pays d'origine respectif", ajoute le texte daté du 30 octobre et qui doit être publié vendredi dans le registre fédéral (bulletin officiel).

Outre le durcissement de la politique d'immigration américaine qui a conduit à l'expulsion d'immigrés clandestins et au gel de l'accueil de demandeurs d'asile, cette fois la politique américaine privilégie clairement les personnes d’une certaine couleur de peau.

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Des réfugiés blancs en priorité

Le dirigeant républicain américain avait déjà pris le 7 février un décret qui prétend que les Afrikaners sont spoliés de leurs terres et persécutés, leur accordant le statut de réfugié. En mai 2025, une cinquantaine d'entre eux, principalement issus du milieu agricole, ont été accueillis aux États-Unis en tant que réfugiés, une initiative vigoureusement contestée par Prétoria.

“Un réfugié est quelqu’un qui doit quitter son pays par peur de persécution politique, religieuse ou économique. Ils ne correspondent pas à cette définition”, avait réagi le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

Les Afrikaners constituent la majorité de la population blanche d'Afrique du Sud. C'est de cette frange de la population que sont issus les dirigeants politiques qui ont institué l'apartheid, système de ségrégation raciale ayant privé la population noire - très majoritaire - de la plupart de ses droits de 1948 jusqu'au début des années 1990.

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Les Afrikaners contre la redistribution des terres

La minorité blanche représente un peu plus de 7% de la population, mais possédait 72% des terres agricoles en 2017, selon des statistiques gouvernementales, l'héritage d'une politique d'expropriation de la population noire pendant la colonisation puis l'apartheid, que des lois votées depuis 1994 visent à réviser.

Le président Trump a dénoncé à plusieurs reprises leur "situation terrible", et évoqué un "génocide". En fait, les relations entre l’Afrique du Sud et les Etats-Unis sont très tendues depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Washington a ainsi suspendu l’aide américaine à Prétoria, la Maison-Blanche n’ayant pas apprécié la plainte pour “génocide” contre Israël déposée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice. 

Dès l'annonce de la décision, les ONG et associations de défense des immigrés ont crié au scandale. Depuis 1980, "plus de deux millions de personnes fuyant la persécution ont été admis aux Etats-Unis" dans le cadre du programme d'accueil de réfugiés, a relevé Aaron Reichlin-Melnick, du American Immigration Council. "Désormais, il servira de voie d'immigration pour les Blancs", a-t-il dénoncé sur X.

Pour sa part, Krish O'Mara Vignarajah, qui dirige l'association Global Refuge, a fait remarquer que depuis des décennies, le programme d'accueil des réfugiés "est une bouée de sauvetage pour les familles qui fuient la guerre, la persécution et la répression".

"A l'heure où des pays tels que l'Afghanistan, le Venezuela, le Soudan et bien d'autres sont en crise, concentrer la grande majorité des admissions sur un seul groupe sape l'objectif du programme ainsi que sa crédibilité", a-t-il déploré dans un communiqué.

SOURCE:TRT français et agences