Il a fallu attendre la fin de soirée pour qu’enfin le nom du Premier ministre soit divulgué. Et ce fut l’effet d’une mauvaise blague. Le président Emmanuel Macron a reconduit vendredi soir Sébastien Lecornu comme Premier ministre, quatre jours après sa démission, a annoncé la présidence française dans un communiqué, sans aucune autre précision.
"J'accepte - par devoir - la mission qui m'est confiée", a commenté sur X M. Lecornu, en affirmant que le nouveau gouvernement "devra incarner le renouvellement" et que "tous les dossiers évoqués" pendant les consultations des derniers jours avec les formation politiques seront "ouverts au débat parlementaire".
La nouvelle tombe vers 22h (heure locale) au terme d’une folle journée rythmée par les rumeurs et les incertitudes. Gabriel Attal et plusieurs anciens ministres plaidaient vendredi pour un élargissement du bloc gouvernemental vers la gauche. Les partis conviés à cette réunion de l’ultime négociation à l’Elysée en début d’après-midi avaient dans leurs pochettes le nom d’un ministre potentiel voire d’un Premier ministre.
Et puis ce fut la douche froide à la sortie de l’Elysée, il n’était plus question d’un Premier ministre de gauche, en encore moins d’une suspension de la réforme des retraites. Rien n’était vraiment acté ni mis sur la table pour élargir le socle gouvernemental.
À quoi joue le Président ?
Sébastien Lecornu, 39 ans, un proche du président, avait démissionné lundi matin, quatre semaines après sa nomination et 14 heures seulement après la formation de son gouvernement.
Emmanuel Macron semble estimer disposer, selon ses propres calculs, d’un socle suffisamment solide au centre et à droite pour échapper aux fourches caudines des motions de censure. L’ancien ministre socialiste est convaincu que le bloc Renaissance et ses alliés de droite suffiront à garantir la survie du futur gouvernement.
La brouille avec Les Républicains est-elle donc terminée ? La nomination de ce Premier ministre est en tout cas perçue comme un pied de nez à l’ensemble des partis ayant pris part aux négociations.
La gauche radicale (France insoumise, LFI), l'extrême droite (Rassemblement national) et le Parti communiste ont immédiatement promis vendredi soir, après la reconduction par Emmanuel Macron du Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu promis de censurer le prochain gouvernement.
"Un nouveau bras d'honneur aux Français d'un irresponsable ivre de son pouvoir. La France et son peuple sont humiliés", a écrit le coordinateur de LFI sur X, en précisant que la formation de gauche radicale déposerait "une nouvelle motion de destitution du président" Emmanuel Macron.
Les députés du Rassemblement national censureront "immédiatement" le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu, a promis de son côté vendredi soir sur X le chef du parti d'extrême droite Jordan Bardella, dénonçant un "attelage sans aucun avenir".
Le parti socialiste est resté ambivalent en déclarant qu’il n’y a “aucune garantie de non-censure”.
On ne sait pas quelle arithmétique fait penser au Président de la république qu’il a trouvé un “chemin de stabilité”. Il reste ce vendredi soir le sentiment que cette folle journée et cette folle semaine n’ont été qu’un mauvais scénario qui a fait perdre une semaine alors que le budget doit être présenté à l’Assemblée au plus tard le 13 octobre.