Le gouvernement burkinabè a annoncé le démantèlement d’un réseau présumé d’espionnage opérant sous couverture humanitaire, impliquant plusieurs ressortissants étrangers membres de l’ONG International NGO Safety Organisation (INSO).
Selon les autorités, sept personnes – dont des ressortissants français, tchèque et malien – ont été interpellées pour “collecte d’informations sensibles” sur les Forces de défense et de sécurité (FDS). Elles doivent être poursuivies pour espionnage et trahison.
Les personnes mises en cause travaillaient pour l’ONG International NGO Safety Organisation (INSO), basée à La Haye, aux Pays-Bas. Présente au Burkina Faso depuis 2019, l’organisation disposait d’une convention d’établissement lui permettant d’appuyer les ONG humanitaires en matière de sécurité.
Les autorités affirment qu’INSO aurait notamment recueilli des données sur les déplacements des convois militaires, les moyens déployés, les zones d’opération et les incidents liés aux engins explosifs improvisés.
Sept suspects
Le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, a précisé que malgré la suspension de ses activités décrétée le 31 juillet, certains responsables "ont continué à mener clandestinement ou de façon détournée des activités telles que des collectes d’informations et de réunions en présentiel ou en ligne".
Le directeur d’INSO dans le pays, Jean-Christophe Emile Pegon, de nationalité française, aurait reconnu avoir demandé à son personnel de recueillir des informations, sans en préciser la finalité exacte. L’organisation, suspendue depuis le 31 juillet 2025, est accusée d’avoir poursuivi certaines activités malgré cette mesure.

Les huit membres de l’ONG INSO arrêtés comprennent: le directeur de l’ONG au Burkina, un Français, son adjointe franco-sénégalaise, le directeur général adjoint tchèque de l'organisation basée à la Haye (Pays-Bas) ainsi qu'un ressortissant malien et quatre burkinabè.
Les suspects doivent être présentés devant le procureur du pays pour des poursuites au titre de l’article 311-4 du code pénal relatif à l’espionnage et à la trahison.
Lutte contre le terrorisme
Le gouvernement conduit par le capitaine Ibrahim Traoré depuis trois ans, fait face aux violences terroristes qui frappent de larges pans de son territoire. Le Burkina Faso a rompu avec plusieurs puissances occidentales, la France en tête, régulièrement accusée de vouloir déstabiliser le pays, ce que Paris nie.
Ouagadougou a exigé le départ en 2023 des soldats engagés dans la lutte antiterroriste et a expulsé des diplomates français l'an dernier.
Quatre fonctionnaires français accusés d'espionnage avaient aussi été détenus pendant un an à Ouagadougou, avant d'être libérés en décembre 2024 avec l'aide d'une médiation marocaine.
Entre juin et juillet, le Burkina Faso a par ailleurs révoqué en l'espace d'un mois l'autorisation d’exercer de 21 ONG et suspendu dix autres associations pour une durée de trois mois.
Fin 2024, le Niger, pays voisin du Burkina, avait aussi révoqué l'autorisation d'exercer d'INSO sur son territoire.
Lire aussi: Burkina Faso: libération de 4 Français détenus pour “espionnage”