L’économie française, déjà fragilisée, encaisse de plein fouet les conséquences de la démission du gouvernement, survenue à peine quatorze heures après sa formation, alors que les finances publiques sont déjà dans le rouge.
La démission, lundi, du Premier ministre français, 14 heures seulement après la formation de son gouvernement, a directement impacté les banques françaises et la bourse de Paris.
Cette dernière a terminé en baisse de 1,36% lundi et le taux d'intérêt de la France à dix ans a grimpé à 3,61% juste après la démission, avant de revenir en fin de journée à 3,57%. L'euro a lui aussi flanché face au dollar.
Les investisseurs craignent, entre autres, le retour "de la gauche, qui pourrait revenir sur la réforme des retraites, les impôts". Elle est vue comme plus dépensière et, donc, moins à même de gérer la dette française, explique Cohen, analyste financier chez Kiplink.
"On a une inconnue sur comment va se faire le financement du budget 2026 et les marchés n'aiment pas l'inconnu", affirme également Cohen.
La démission de Sébastien Lecornu compromet la présentation d'un budget avant le 13 octobre, rendant plus probable le vote d'une loi spéciale pour permettre à l'Etat de fonctionner a minima
Renchérissement de la dette
Sur le marché de la dette, le taux de l'emprunt français à dix ans a dépassé lundi les 3,61% juste après l'annonce de la démission, touchant son plus haut niveau depuis mars. Il est ensuite revenu en fin de journée à 3,57%, maintenant les taux d’emprunt français à un niveau élevé.
Le "spread", ou l'écart entre les taux d'emprunt français et allemand à 10 ans, la référence sur les marchés, atteint désormais 0,85 point de pourcentage, pour la première fois depuis janvier.
Avant la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron en juin 2024, cet écart se situait autour de 0,50 point de pourcentage.
Une crise politique qui dure
La démission de Sébastien Lecornu met surtout en lumière "la nature précaire du système politique français", relève Danni Hewson, responsable de l’analyse financière chez AJ Bell dans une note.
"La grande question est de savoir ce qui va se passer ensuite, car après cinq Premiers ministres en deux ans, trouver une solution viable – même temporaire – est devenu de plus en plus difficile", poursuit-il.
En 2024, la dissolution de l'Assemblée nationale avait coupé l'herbe sous le pied du CAC 40, qui affichait une croissance de 6% sur l'année avant l'annonce en juin... pour finalement reculer de 2,15% sur l'année.
Depuis, l'indice vedette "revenait sur les plus hauts historiques" et "commençait à rattraper son retard", souligne Cohen. Désormais, depuis le début de l'année, le CAC 40 s'inscrit en hausse de 8% environ, contre presque 16% pour le FTSE 100 de Londres et 22% pour le Dax de Francfort.
Croissance en baisse
L'instabilité politique devrait aussi impacter la croissance en France, selon l'Insee, l'Institut national de la statistique et des études économiques. Projetée cette année à 0,8%, la croissance se chiffrera à la fin 2025 à 0,5 point de croissance, soit 15 milliards d'euros, d'après la même source.
L’agence de notation Moody’s avait dégradé la note souveraine de la France le 12 septembre dernier, la faisant passer de AA+ a A-. A la fin de ce mois, les Français scruteront avec attention la nouvelle évaluation de cette agence de notation.
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