Ce sont les négociations de la dernière chance pour un Premier ministre affaibli, compagnon de route d’un président plus que critiqué et lâché par ses fidèles.
Nommé le 9 septembre avant de présenter sa démission le 6 octobre, au lendemain de l'annonce de son gouvernement, le Premier ministre a convenu avec ses alliés à Matignon mardi de "concentrer" les discussions sur le budget pour 2026 et l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique sud. Dans une courte allocution ce mercredi, Sébastien Lecornu a fait le point sur ses entretiens avec les différentes forces politiques. Il assure que tous veulent suivre “un chemin de responsabilité.”
Dans une tentative évidente d’apaisement vis-à-vis de la gauche, l'ex-Premier ministre a proposé, mardi soir, une suspension de la réforme des retraites, ce qui était une demande des socialistes. La ministre démissionnaire de l'Éducation a appuyé dans ce sens lors d'une interview dans le journal le Parisien. Ce serait une suspension jusqu'à la prochaine élection présidentielle prévue en 2027.

Ce mercredi, les socialistes et les écologistes, justement invités à Matignon pour d’ultimes négociations, ont salué un pas en avant.
Olivier Faure, premier secrétaire du parti socialiste a cependant prévenu, je vais “vérifier qu'il ne s'agit pas d'un écran de fumée”.
Et ce matin sur France Info, Olivier Faure a plaidé à nouveau pour l'arrivée d'un Premier ministre de gauche. “Je pense que ça serait la meilleure solution. Je pense que nous pourrions voter un budget avec une majorité absolue”, a-t-il expliqué.
Sébastien Lecornu a salué dans son allocution l’engagement des partis à trouver une entente pour assurer un budget à la France avant le 31 octobre et éviter de trop importantes conséquences économiques.
L'ex-Premier ministre se rendra également ce soir à l'Elysée “pour présenter au président de la République les solutions qui sont sur la table” et en cas d’échec le chef de l’Etat “prendra ses responsabilités.”
Macron dans le viseur des politiques
Pour le Rassemblement national (RN, extrême droite) et La France insoumise (LFI, gauche radicale) qui ne participent pas à ces ultimes négociations, il n’y a qu’une sortie de crise possible, des législatives anticipées.
Marine Le Pen, la cheffe des députés RN à l’Assemblée a enfoncé le clou ce mercredi en déclarant : "Je censure tout" nouveau gouvernement. Le RN veut obtenir de nouvelles élections et assure avoir des candidats prêts à être investis. Jordan Bardella, le président du parti, déclare depuis plusieurs jours se préparer à devenir chef du gouvernement, certain que son parti pourra obtenir une majorité absolue.
Et si les oppositions pointent du doigt le président français, le chef de l'Etat est désormais également lâché par les siens.
Son ancien Premier ministre (2017-2020) Édouard Philippe l'exhorte à partir avant la fin de son mandat et organiser "une élection présidentielle anticipée". Cet allié traditionnel du président a estimé qu'"on ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore (jusqu'à la présidentielle de 2027, ndlr), c'est beaucoup trop long".
La veille, Gabriel Attal, un autre ex-chef du gouvernement (janvier-septembre 2024), jadis très proche d'Emmanuel Macron, avait pris sèchement ses distances avec le chef de l'Etat dont il "ne comprend plus les décisions".
Anticipant une dissolution, Les Ecologistes et LFI ont appelé toute la gauche à porter un "programme de rupture", au sortir d'une réunion à laquelle n'a pas voulu se joindre le Parti Socialiste (PS).