Deux motions, et deux motions rejetées. Sébastien Lecornu survit et son gouvernement avec lui.
C’est devant une assemblée quasi vide que le vote a eu lieu. Le bloc central avait déserté les travées de l'hémicycle pendant les discours, c’est donc sans ses soutiens que le Premier ministre Lecornu a dû affronter les discours des différents blocs politiques.
Le vote était serré pour la motion de censure déposée par La France insoumise, tout pouvait se jouer à quelques voix près. En effet, la motion de censure était soutenue par le Rassemblement national, l’Union de la droite pour la république, LFI, les écologistes, et les communistes, elle pouvait mathématiquement faire tomber l’exécutif.
À l’arrivée, c’est passé tout près, il a manqué 18 voix pour que le gouvernement Lecornu II ne tombe. 271 députés ont voté la motion de censure des LFI, ce qui n’est pas suffisant puisque la majorité est de 289. Ce résultat indique également que peu de députés ont passé outre les indications de vote des Républicains et des Socialistes. Après décompte, un Républicain et sept socialistes ont joué les frondeurs.
La seconde motion déposée par le RN n’a recueilli que 144 voix, on était donc très loin du compte.

Sébastien Lecornu est, comme il est de coutume, monté à la tribune et a appelé les députés à la responsabilité, “c’est le moment de vérité”, ceux qui choisissent la censure, manquent de bon sens, a-t-il déclaré. Le message est, semble-t-il passé, certains frondeurs n’ayant apparemment pas sauté le pas finalement.
Mathilde Panot, la cheffe des députés LFI est sortie commenter le rejet de la motion déposée par son parti. Elle a lancé un appel solennel à la résistance contre le budget 2026, et a dénoncé la responsabilité historique du parti socialiste pour son alliance avec la Macronie. La députée invite les socialistes qui doutent à rejoindre “le pôle de résistance” mené par LFI.
Le groupe indique également déposer une motion de destitution du président de la République ce jeudi. Le mouvement dit vouloir "combattre sans masque le responsable de cette situation : le président Macron. Il doit partir". La première motion de destitution qu’elle a déposée a été écartée par le bureau de l’Assemblée nationale.
Le RN, agressif et critique
À la tribune, avant le vote, Marine Le Pen, cheffe des députés RN n’a pas mâché ses mots. Elle a dénoncé “le règne de la médiocrité” et s’est amusée d’une “piteuse coalition” qui cherche à sauver un gouvernement Lecornu très lié à la Macronie.
Cette entente entre Républicains, macronistes et socialistes est l’”acte ultime d’un système politique à bout d’idées, à bout de force, “a-t-elle déclaré pour justifier son soutien à la motion de censure du RN et à celle de la France Insoumise. Le RN voulait la censure à tout prix, comme le parti demande depuis des semaines la dissolution. L’extrême droite veut des élections législatives car elle estime être capable de remporter dans les urnes une majorité.
Marine Le Pen a taclé le socle qui a permis à Sébastien Lecornu de durer. “Ce sont des partis unis dans la terreur des élections", s’est-elle gaussée.
Laurent Jacobelli, porte-parole du RN voit déjà plus loin. Les députés RN vont discuter le budget, dit-il, après le rejet de la seconde motion, ils vont discuter “avec professionnalisme, responsabilité et sans illusion.” Un budget qu’ils jugent mauvais.
Et c’est bien le budget qui sera le prochain obstacle de taille du gouvernement Lecornu II. Les députés ont 70 jours pour l’amender et le discuter, le Premier ministre a promis de ne pas recourir au 49.3 qui permet d’imposer une loi sans discussion à l’Assemblée, mais quasi aucun groupe politique trouve ce budget acceptable en l’état et chacun promet de le modifier.