On est loin du style Bayrou qui avait eu des accents paternalistes et catastrophistes qui plaidait pour un budget de crise.
Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu a livré en une trentaine de minutes un discours pragmatique. Sans accuser ou réprimander ceux qui ont provoqué la chute de son premier gouvernement, il a tenu à montrer qu’il pouvait faire bouger les lignes que ses prédécesseurs n’ont pas voulu toucher.
Le chef du gouvernement a annoncé proposer au Parlement une suspension de la réforme des retraites "jusqu'à l'élection présidentielle" de 2027.
La suspension de cette loi emblématique du deuxième mandat du président Emmanuel Macron, adoptée sans vote au parlement pour repousser l'âge de départ légal à 64 ans, est au cœur des tractations politiques en France depuis plusieurs semaines. Le Parti socialiste (PS) a fait de cette suspension un préalable pour ne pas faire chuter le gouvernement.
Cette mesure coûtera "400 millions d'euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027" et "devra être compensée par des économies", a avertit le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée.
Obtenir la non-censure des socialistes
Ouvrir le socle gouvernemental à gauche était l’une des demandes du camp macroniste après la chute du premier gouvernement Lecornu le 3 octobre dernier. Lundi 13 octobre, le tout nouveau prix Nobel d'économie français, Philippe Aghion, ancien conseiller d’Emmanuel Macron, avait alimenté les discussions en plaidant pour la suspension de cette réforme jusqu'à la prochaine présidentielle de 2027.
Avec ce geste, Sébastien Lecornu se donne un peu plus de marge de manœuvre, si les socialistes adoptent une position de non-censure afin d’assurer la pérennité de l’exécutif.
"Certains aimeraient voir cette crise parlementaire virer à la crise de régime. Cela n'aura pas lieu", a déclaré mardi M. Lecornu.
Le chef du gouvernement a également confirmé l'abandon de l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution, procédure qui permet l'adoption d'un texte sans vote, autre demande des socialistes qui avaient prévenu qu'ils déposeraient une motion de censure dès mardi soir sans réponse claire du gouvernement à leurs demandes.
Un budget plus juste ?
Autre gage donné aux socialistes qui réclament une mesure de justice fiscale: Sébastien Lecornu a reconnu "des anomalies" dans la fiscalité des très grandes fortunes, souhaitant "une contribution exceptionnelle" des Français les plus riches dans le prochain budget.
Il n’est pas question de la fameuse taxe Zucman (2% d’impôts sur le patrimoins des plus hauts revenus) mais le geste là
La dette de la France est de 3.300 milliards d'euros (115% du PIB), le budget 2026 prévoit 30 milliards d'euros d'économies et le déficit public devra "être à moins de 5% à la fin de la discussion" au Parlement, a rappelé mardi le Premier ministre devant l'Assemblée nationale.
La France insoumise (gauche radicale) et le Rassemblement national (extrême droite) ont d'ores et déjà déposé des motions de censure, qui seront examinées jeudi à l'Assemblée nationale, ont affirmé mardi des sources parlementaires à l'AFP.