La décision du parlement israélien d’adopter en première lecture deux projets de loi relatifs à l'annexion de la Cisjordanie a suscité l’indignation du secrétaire d’Etat américain et des pays arabes.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a averti mercredi qu'Israël “menaçait” l'accord de cessez-le-feu à Gaza proposé par le président Donald Trump, après que son parlement a pris des mesures en vue d'annexer des parties de la Cisjordanie occupée.
“Je pense que le président s'est assuré que nous ne pouvons pas soutenir ce projet pour le moment. Et nous pensons que cela menace même l'accord de paix”, a déclaré M. Rubio aux journalistes avant son départ pour Israël.
“C'est une démocratie. Ils voteront. Les gens prendront position. Mais pour l'instant, nous pensons que cela pourrait être contre-productif”, a-t-il ajouté.
Cet avertissement fait suite à l'approbation par le parlement de deux projets de loi relatifs à l'annexion en lecture préliminaire mercredi. Les deux projets doivent encore franchir trois lectures supplémentaires pour être adoptés.
Indignation dans le monde arabe
Dans le monde arabe, l’indignation est générale. Le ministère qatari des Affaires étrangères a dénoncé les projets de loi israéliens, les qualifiant d'“atteinte flagrante aux droits historiques du peuple palestinien et de violation flagrante du droit international et des résolutions de l'ONU”.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a exprimé le rejet total par le royaume de toutes les violations de la colonisation et de l'expansionnisme perpétrées par les autorités d'occupation israéliennes.
Le ministère koweïtien des Affaires étrangères a également publié une déclaration dénonçant la mesure israélienne “dans les termes les plus fermes”, la qualifiant de” violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, en particulier la résolution 2234, qui condamne la colonisation israélienne et affirme son illégalité”.
Le mouvement de résistance palestinien Hamas a également rejeté les projets de loi israéliens, qualifiant de “nulles et non avenues” les tentatives israéliennes d'annexion de la Cisjordanie occupée.
“Les tentatives effrénées de l'occupation d'annexer la Cisjordanie sont illégales et invalides. Elles ne changent rien au fait que la Cisjordanie est une terre palestinienne au regard de l'histoire, du droit international et de l'avis consultatif de 2024 de la Cour internationale de Justice”, a-t-il déclaré dans un communiqué.
Tension dans le Likoud
En Israël même, cette approbation a créé la tension au sein du Likoud, le parti dirigé par Netanyahu. Le député Yuli Edelstein qui a voté en faveur du projet de loi sur l'annexion de la Cisjordanie, permettant l'adoption de justesse du texte par 25 voix contre 24 a été sanctionné. Il été démis de ses fonctions au sein de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, selon la presse israélienne. La direction du Likoud avait donné pour consigne à ses députés de s'abstenir de voter pour ces projets de loi dans le contexte de la visite du vice-président américain.
Ce vote a eu lieu malgré l'opposition du président Trump, qui a déclaré le mois dernier qu'il ne permettrait pas à Israël d'annexer la Cisjordanie. Il a également eu lieu lors de la visite du vice-président J.D. Vance en Israël, dans le cadre d'une initiative diplomatique américaine visant à maintenir le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 10 octobre.
L'annexion de la Cisjordanie mettrait fin à la possibilité de mettre en œuvre une solution à deux États au conflit israélo-palestinien, telle que définie dans les résolutions de l'ONU.
Les attaques israéliennes se sont intensifiées en Cisjordanie depuis octobre 2023, tuant plus de 1 056 Palestiniens et en blessant plus de 10 300, et plus de 20 000 autres étant arrêtés, selon les chiffres palestiniens.
Dans un avis historique rendu en juillet dernier, la Cour internationale de Justice a déclaré illégale l'occupation israélienne du territoire palestinien et a appelé à l'évacuation de toutes les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
La première phase de l'accord de cessez-le-feu en 20 points à Gaza a été conclue entre Israël et le Hamas au début du mois, sur la base d'un plan présenté par Trump. La première phase prévoit la libération d'otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens. Le plan prévoit également la reconstruction de Gaza et la mise en place d'un nouveau mécanisme de gouvernance sans le Hamas.
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