Dès son arrivée à l’Hôtel de Ville en 2014, Anne Hidalgo avait placé la déontologie et la transparence au cœur de son mandat, avec l’adoption d’un code de conduite fondé sur “l’intérêt public, la probité, l’impartialité, l’indépendance et l’exemplarité” et la création d’une commission de déontologie, première du genre dans une municipalité française.
Mais dans la pratique, la maire oppose régulièrement un refus à la communication de ses notes de frais.
En 2017, le journaliste néerlandais Stefan de Vries a dû attendre cinq ans de procédure judiciaire pour obtenir les frais liés à l’année de l’attribution des Jeux olympiques.
En 2021, trois associations ont obtenu partiellement les documents de 2020 seulement après intervention de la justice. En mars 2024, l’association Transparence citoyenne a de nouveau été contrainte de saisir le tribunal administratif pour obtenir les documents relatifs à ses frais de déplacement, de restauration et de représentation.
84.200 euros de frais de représentation
Entre 2020 et 2024, Anne Hidalgo disposait chaque année d’environ 20 000 euros pour ses frais de représentation. Ces dépenses ont été principalement utilisées pour des achats vestimentaires, laissant souvent de menus reliquats de 2 800 euros en 2020, 14 euros en 2021, 5 800 euros en 2022, 4900 euros en 2023 et 714 euros en 2024.
Les enseignes fréquentes sont BHV Marais, Repetto, Apostrophe, Éric Bompard et Gérard Darel. Parmi les achats les plus onéreux, deux robes Dior en 2024 pour 6320 euros, un manteau Burberry en 2023 pour 3 067,50 euros, une blouse Dior en 2021 pour 1 120 euros, une veste Burberry en 2020 pour 1 087 euros.
En 2017, d’autres achats avaient déjà suscité des critiques : trois robes Dior pour 1 188, 1 840 et 1 440 euros, une robe Courrèges à 720 euros et deux robes Diane von Furstenberg avec des accessoires à 1 660 et 895 euros.
La mairie défend ces dépenses comme nécessaires à la représentation de la France à l’étranger et insiste sur la réutilisation des tenues.
L’association Transparence citoyenne conteste l’interprétation juridique, rappelant que les frais d’habillement ne devraient pas être inclus dans les frais de représentation, sauf pour des cérémonies exigeant une tenue spécifique.
Déplacements officiels et frais associés
Entre juillet 2020 et décembre 2023, les déplacements de la maire hors de Paris ont coûté environ 125 000 euros, incluant transport et hébergement. Les voyages les plus coûteux ont été New York en 2022 et 2023 pour des sommets et rencontres officielles pour les montants de 10 034 et 9 810 euros; Tokyo en 2021 pour les Jeux paralympiques à hauteur de 12 687 euros; et Tahiti en octobre 2023 pour visiter le site olympique de Teahupoo.
Les frais de déplacement des adjoints de la maire entre 2020 et 2024 sont estimés à près de 400 000 euros.
Le séjour à Tahiti a coûté environ 60 000 euros et concerné deux élus et trois collaborateurs. La maire n’avait pas communiqué sur ce voyage et avait demandé à ses équipes de publier des vidéos laissant croire qu’elle était à Paris.
Elle n’a pas participé à son rendez-vous principal sur le site de l’épreuve olympique, et son hors-forfait téléphonique, estimé à 30 000 euros, n’a pas été déclaré.
Anne Hidalgo a séjourné deux semaines pour rendre visite à sa fille et a affirmé avoir payé son billet retour, mais aucun justificatif n’a été transmis.
Transparence citoyenne déplore des documents partiels, sans détails sur les frais de restauration, d’hébergement ou le billet retour. Le cabinet de la maire affirme avoir transmis tous les justificatifs, mais les associations contestent cette version.
En mars 2024, l’association AC !! anti-corruption a déposé plainte pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics, entraînant une perquisition du Parquet national financier (PNF) à l’Hôtel de Ville. Le PNF indique aujourd’hui que l’enquête est toujours en cours et “entre dans sa phase d’achèvement”.