FRANCE
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France: pressions de toutes parts sur Sébastien Lecornu
Le nouveau Premier ministre français, Sébastien Lecornu, reprend ses consultations cette semaine pour façonner son gouvernement. Mais la tâche s’annonce compliquée alors que droite et gauche mettent la barre de plus en plus haut pour ne pas censurer.
France: pressions de toutes parts sur Sébastien Lecornu
Sebastien Lecornu est un des très proches du président Macron, il a été ministre non-stop depuis 2017 / AP
15 septembre 2025

Le week-end n’a pas été de tout repos pour le nouveau Premier ministre français et les coups de pression sont venus de son camp même.
Nommé la semaine dernière, Sébastien Lecornu avait promis la rupture lors de la passation de pouvoir avec François Bayrou, il a voulu donner des gages de bonne volonté en annonçant l’idée de supprimer deux jours fériés du calendrier des salariés français pour permettre de faire rentrer quelques milliards dans les caisses de l’Etat.

Mais l’annonce n’a pas calmé le marigot politique parisien. Sébastien Lecornu veut clairement jouer la continuité en s’appuyant sur le socle présidentiel avec le MoDem, les Républicains, ce qui représente 210 députés mais une majorité au Sénat. Bruno Retailleau, le président des Républicains et ministre de l’Intérieur démissionnaire est venu dessiner les limites de cette association dimanche en déplacement en Alsace à Drusenheim. Il a prévenu Matignon, ​​il représente une “droite utile, mais pas docile” et a posé ses conditions pour que les Républicains participent au prochain gouvernement: la lutte contre l’immigration doit être maintenue, et la taxe Zucman, un impôt annuel sur le patrimoine des grandes fortunes, ne doit pas être adoptée.

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L’extrême-droite en embuscade

Lors des journées d’été à Bordeaux, ce week-end, le Rassemblement national qui est en position de force au Parlement a déjà lancé sa campagne pour les présidentielles. Il a à nouveau demandé la dissolution de l’Assemblée nationale.
Marine le Pen, cheffe de file des députés d’extrême-droite a concentré ses attaques sur le chef de l’Etat, et la foule présente a entonné des appels à Macron de démissionner. La députée du Nord estime que le gouvernement Lecornu subira le même sort que les gouvernements Barnier et Bayrou, “Le gouvernement déjà oublié sera censuré, probablement dans quelques semaines ou quelques mois”,  a-t-elle lancé à la foule de ses partisans. 

Le RN promet donc une censure rapide pour calmer ses adhérents qui, ce week-end à Bordeaux, ont exprimés tout le mal qu’ils pensaient de la politique de Macron.

Si Emmanuel Macron a donné comme ligne à son nouveau Premier ministre de négocier avec la gauche, pour l’instant les gestes envers le parti socialiste sont absents. Ce n’est pas la suppression des deux jours fériés qui vont satisfaire un parti socialiste qui se sent en position de force d’autant que Matignon leur a à nouveau échappé. Le PS sera reçu mercredi par le nouveau Premier ministre, mais il a déjà posé ses conditions ce week-end et encore ce matin sur France Info.

“La rupture, c'est suspendre la réforme des retraites, c'est permettre l'augmentation des salaires", a souligné le député PS Philippe Brun sur franceinfo ce lundi. François Hollande, député et ancien président, a rappelé ce week-end la nécessité de taxer les plus riches, la taxe zucman, une taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions étant un des outils possibles.

La gauche met aussi des conditions à l’ouverture

Les demandes et exigences des uns et des autres sont clairement contradictoires, Sébastien Lecornu va devoir faire preuve d’inventivité pour trouver des propositions acceptables par tous les partis en présence, ceci alors que la situation budgétaire de la France demande des mesures urgentes puisque vendredi l’agence de notation américaine Fitch a dégradé la note de la France de AA à A+, ceci veut tout simplement dire qu'aujourd'hui Paris emprunte à des taux moins intéressants pour payer les intérêts de sa dette.

Les syndicats continuent, eux, l’organisation de la mobilisation du 18 septembre. Ils promettent une journée morte dans les transports et les services publics. Le syndicat patronal a également menacé ce week-end de se mobiliser si une taxe sur les entreprises était envisagée dans le budget 2026.

En résumé, le Premier ministre va devoir jongler avec des demandes contradictoires pour trouver un socle de survie. Le budget doit être bouclé et voté d’ici le 31 décembre. Pour Sébastien Lecornu, ces prochains mois vont avoir des allures de chemin de croix.

SOURCE:TRT français et agences