Dans leur tribune, les signataires présentent cette initiative comme une “riposte pacifiste, humanitaire, transnationale et populaire face à la destruction à Gaza”.
La flottille, composée d’une cinquantaine de bateaux financés par des dons privés à travers le monde, rassemble des militants de différents pays, croyances et origines.
Leur objectif est de briser le siège imposé à Gaza et de dénoncer publiquement, au nom du droit international, la politique de l’État d’Israël. Les organisateurs rappellent que cette action est légale, tandis que la menace provient uniquement, selon eux, de l’impunité accordée à l’armée israélienne.

“Spectacle de cruauté” et “contre-spectacle”
Dans leur texte, les signataires affirment que la guerre menée par Israël à Gaza relève d’une “politique de destruction massive” et d’une “politique de cruauté”.
Ils dénoncent la réduction des populations palestiniennes au statut d’ennemis, de criminels ou même “d’animaux”, et estiment que l’objectif n’est plus seulement de produire des discours mais de produire “des cadavres”.
La tribune insiste également sur le rôle des spectateurs : selon les auteurs, la destruction en cours ne se limite pas aux victimes directes mais crée aussi, au-delà de Gaza, des “sujets sidérés et paralysés” qui finissent par se percevoir comme impuissants.
Les signataires pointent également la responsabilité des pays occidentaux, accusés d’armer Israël tout en justifiant ou minimisant ses actions militaires.
Ils considèrent que le silence, la désensibilisation progressive et l’incapacité à nommer le génocide participent à un “pacte implicite” qui permet la poursuite des violences. Selon eux, cette “politique de la cruauté” vise aussi à isoler les individus et à intimider toute critique.
Face à cette situation, la flottille Soumoud est présentée comme une action à la fois symbolique et concrète : des citoyens mettent en jeu leur propre vulnérabilité en traversant la mer sous la menace militaire, pour répondre à la vulnérabilité des habitants de Gaza.
Ce geste, affirment les signataires, oppose au “spectacle de la cruauté” un “contre-spectacle” fondé sur l’empathie et la solidarité.
Ils inscrivent cette démarche dans une continuité historique : d’autres initiatives citoyennes en Méditerranée, notamment des bateaux de sauvetage affrétés par des ONG européennes face aux naufrages de migrants, ont déjà transformé la mer en espace de résistance.
Enfin, la tribune déplore le faible écho médiatique de cette initiative, souvent réduite à une action marginale ou naïve.
Les signataires estiment au contraire que persister à agir malgré tout permet de briser le “pacte du silence” et de rouvrir un horizon politique.
Ils affirment que “la flottille Soumoud brise la sidération et redonne souffle à l’imaginaire”, et appellent à protéger les militants engagés dans cette traversée au nom de la dignité humaine.