FRANCE
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Reconnaissance française de l’État de Palestine : qu’est-ce que ça change ?
La France devra désormais adapter son vocabulaire officiel, en parlant de “Palestine” plutôt que de “territoires palestiniens occupés”. Parallèlement, la mission palestinienne à Paris pourrait bientôt être érigée en véritable ambassade.
Reconnaissance française de l’État de Palestine : qu’est-ce que ça change ?
La mission de Palestine en France, située dans le XVe arrondissement de Paris. / AP
il y a 9 heures

La France a officiellement reconnu l’État de Palestine lundi soir au siège des Nations Unies à New York, une décision annoncée par le président Emmanuel Macron devant plus de 140 chefs d’État et de gouvernement.

Après des décennies de prises de position mitigées, Paris adopte désormais une posture plus claire en faveur de la Palestine.

Cette reconnaissance se traduit avant tout par un ajustement du langage officiel. Le gouvernement français ne parlera plus de “territoires palestiniens occupés” pour faire référence à la Cisjordanie et Gaza, mais devra utiliser désormais le terme “Palestine”.

Cette nouvelle dénomination sera visible dans les communiqués officiels, les déclarations diplomatiques et sur les sites gouvernementaux, y compris dans les “conseils aux voyageurs” du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

La question des ambassades

Si le geste est symboliquement fort, il ne modifie pas pour autant les structures diplomatiques existantes.

La France dispose déjà d’un consulat général à Jérusalem qui remplit des fonctions proches de celles d’une ambassade auprès de l’Autorité palestinienne, en particulier pour les questions consulaires et la délivrance de visas.

L’ouverture d’une ambassade française en Palestine reste une hypothèse lointaine et conditionnée, selon le président Macron, à la libération des otages détenus à Gaza par le Hamas.

Cependant, la mission palestinienne à Paris pourrait devenir une ambassade. Ce changement serait cependant surtout symbolique, car sa cheffe, Hala Abou-Hassira, porte déjà le titre d’ambassadrice depuis 2010.

En outre, la reconnaissance française ne donne pas automatiquement à la Palestine le statut d’État membre de l’ONU.

Malgré le soutien de plus de 140 pays, la Palestine reste bloquée par le veto des États-Unis, comme ce fut le cas lors de sa dernière demande d’adhésion en avril 2024. Elle conserve pour l’instant le statut d’État observateur permanent.

Sans sanctions, “reconnaissance d’un cimetière”

Emmanuel Macron n’a pas pour autant annoncé de sanctions ou d’initiatives diplomatiques supplémentaires pour renforcer la souveraineté palestinienne. 

Or, le ministère français des Affaires étrangères rappelait lui-même dans un communiqué datant de mai 2024, que proclamer un État ne suffit pas, mais qu’il faut créer les conditions d’une souveraineté réelle.

Cette reconnaissance s’inscrit donc dans le cadre d’une politique en faveur de la solution à deux États. Selon le gouvernement français, il s’agit d’un “outil diplomatique au service d’une solution à deux États vivant côte à côte, en paix et en sécurité”, offrant un cadre légal et politique pour soutenir la création et la consolidation d’un État palestinien.

Selon Jean-Paul Chagnollaud, président d’honneur de l’Institut de Recherche et d’Études Méditerranée Moyen-Orient (IREMMO), “cette reconnaissance ouvre une perspective politique soutenue par presque l’ensemble du monde et redonne toute sa place au droit international”.

Pour le chercheur et spécialiste en droit international Johan Soufi, la reconnaissance française est un “message politique et symbolique fort du droit du peuple palestinien à l’autodétermination” mais pour être effective, elle doit s’accompagner de mesures concrètes permettant à la Palestine de devenir un État souverain. 

Pour ce faire, “la France doit sanctionner Israël, son gouvernement et les colons; appliquer les ordonnances de la CIJ et soutenir la CPI; suspendre le transfert d’armes et les accords militaires; et interdire le commerce lié aux colonies”, selon Soufi.

“Sinon, ce geste restera la reconnaissance d’un cimetière”, conclut-il.

SOURCE:TRT français et agences