Le Green Deal, le Pacte Vert européen a du plomb dans l’aile. On peut aussi poser la question de cette façon : l'Union européenne va-t-elle renoncer à certaines de ses ambitions climatiques au nom de la protection de ses industries ?
Cette question était au cœur des discussions entre les 27 dirigeants, réunis jeudi à Bruxelles pour s'accorder sur leur objectif commun de réduction de gaz à effet de serre pour 2040 avant la Conférence de Belém sur les changements climatiques, ou COP 30 qui aura lieu au Brésil début novembre.
La proposition de la Commission européenne de réduire ces émissions de 90% d’ici 2040 par rapport à 1990 est au cœur des crispations entre Etats européens.
Le Danemark, la Suède, l'Espagne, la Hongrie et la République tchèque sont contre, au nom de la défense de leur industrie. La Commission a fait un geste début juillet, en proposant plus de flexibilité dans le mode de calcul: la possibilité d'acquérir des crédits carbone internationaux pour qui financerait des projets en dehors de l'Europe. Cela n’a pas suffi.

Ce vendredi, aucune décision formelle n'a été prise lors de ce sommet à Bruxelles mais ils doivent se retrouver le 4 novembre prochain pour essayer de trouver une position commune.
L’Allemagne veut garder les voitures thermiques
Jeudi, on a pu en tout cas voir clairement la position des uns et des autres. Sans surprise, l’Allemagne milite contre l'interdiction de vendre des voitures thermiques neuves dans l'UE à partir de 2035.
Cette mesure est vivement contestée par les constructeurs automobiles qui réclament à cor et à cri un assouplissement des règles avec le soutien du chancelier allemand Friedrich Merz qui avait déclaré début octobre s’engager à "tout faire" pour lever cette interdiction de vente de voitures en 2035.
La France et l'Espagne s'opposent aussi à cette initiative, plaidant plutôt pour une flexibilité pour le secteur. "Il faut garder nos emplois et développer. Il ne faut pas que ce soit un couperet qui tombe de manière complètement aveugle", a affirmé le président français.

L’Europe revoit ses ambitions climatiques à la baisse
Avec la montée de la droite et de l'extrême droite aux élections européennes de juin 2024, l'écologie n’est plus au centre des préoccupations des élus européens. L’UE a voté des textes ambitieux comme le pacte vert mais Bruxelles a lancé la révision de ces textes
L'Union européenne a en parallèle lancé la révision de plusieurs textes très ambitieux qu'elle avait adoptés il y a quelques années seulement (par exemple sur la déforestation ou le droit de vigilance des entreprises). L’heure est manifestement au moins-faisant au nom de la défense des emplois.
Certains scientifiques rétorquent toutefois que cet arbitrage entre ambitions climatiques et protection de l'industrie n'est pas nécessaire.
"Il est scientifiquement prouvé qu'un objectif climatique ambitieux pour 2040 est compatible avec la prospérité économique", défendent 2.000 d'entre eux dans une missive envoyée aux chefs d'État en amont du sommet.










