En ne portant pas secours aux Français embarqués sur la flottille, la France "manque à ses obligations internationales" et "se rend complice des violations des droits de l'homme", dénoncent les avocats de 35 Français qui ont embarqué sur la Flottille Soumoud.
"Nous sommes sans aucune nouvelle, et n’avons aucun lien avec ces 35 ressortissants" français, qui avaient donné mandat à des avocats de les représenter, a déclaré lors d'une conférence de presse Me Anouck Michelin, qui les défend avec Me Raphaël Kempf, Me Romain Ruiz, et Me Chirinne Ardakani.
Le porte-parole du Quai d'Orsay a affirmé que la "protection consulaire a commencé dès cette nuit, ce matin (vendredi), avec les premières visites opérées par le Consul général et par l'ambassadeur de France auprès de nos ressortissants".
"Ils sont en contact avec 36 ressortissants et avec leurs familles", a ajouté Pascal Confavreux, indiquant que les personnes arrêtées avaient été transférées dans la prison de Ktzi’ot depuis le port d'Ashdod.
Selon Me Ardakani, les membres de la flottille "avaient un objectif parfaitement licite, légal et pacifique d'acheminer des vivres et médicaments à la population gazaouie dans un contexte génocidaire".
Leurs avocats, qui reprochent aux autorités consulaires de ne pas leur donner de nouvelles, entendent porter plainte pour "détournement de navire" et "détention arbitraire". Ces Français "sont détenus aujourd'hui en Israël, alors même qu'Israël (n'a) aucun titre permettant de les priver de liberté", a souligné Me Kempf.
Le porte-parole du Quai d'Orsay a justifié l'absence de contact avec les avocats par le fait que la "priorité" des autorités consulaires françaises était d'être "en contact avec les ressortissants et leurs familles".
Les avocats demandent aussi à la France de se joindre à la procédure initiée fin décembre 2023 par l'Afrique du Sud au sujet de la situation à Gaza devant la Cour internationale de justice (CIJ). Cette dernière a appelé, en janvier 2024, Israël à prévenir tout éventuel acte relevant du "génocide", mettant en garde contre un "risque réel et imminent" de "préjudice irréparable" pour les Palestiniens. Israël rejette l'accusation de génocide.
En ne portant pas secours aux Français embarqués sur la flottille, la France "manque à ses obligations internationales" et "se rend complice des violations des droits de l'homme" par Israël, a affirmé Me Romain Ruiz.
Jeudi à Copenhague, le président Emmanuel Macron avait demandé aux autorités israéliennes de "respecter" le droit international concernant la flottille et de faire en sorte que les Français à bord des bateaux soient "protégés".
La flottille Soumoud de 45 bateaux, où se trouvaient des personnalités politiques et des militants, était partie d'Espagne en septembre dans le but de briser le blocus imposé par Israël à Gaza, en proie à la famine selon l'ONU.
Mercredi soir, la marine israélienne a commencé à intercepter illégalement les bateaux dans les eaux internationales, bafouant une nouvelle fois le droit international. Plus de 400 militants à bord de 41 navires de la flottille ont été arrêtés lors d'une opération d'environ douze heures.
Vendredi matin, la flottille pour Gaza a annoncé que son dernier bateau en route pour l’enclave avait été "intercepté".
L’opération a été dénoncée par la communauté internationale et les spécialistes. Partout dans le monde, des manifestations ont été organisées pour dénoncer les actions illégales de l’armée israélienne.