C’est un procès inédit qui s'est ouvert ce mercredi car il résonne avec l’actualité puisque les combats continuent dans l’Est de la RDC (République démocratique du Congo).
C’est également une audience qui a commencé avec un coup d’éclat de l’accusé. À l’ouverture du procès, Roger Lumbala a contesté l’autorité des magistrats français sur une affaire congolaise. L’ancien ministre congolais a récusé ses avocats et a décidé de ne plus assister aux audiences devant la cour d’assises de Paris.
“Je considère la France comme incompétente pour me juger.”, a-t-il lancé, ajoutant : “Je refuse de comparaître et je demande de me retirer de la salle d'audience et de ne plus y revenir”.
La France est-elle compétente ?
Malgré tout, ce procès va continuer et c’est le premier procès en France pour des crimes commis en RDC. Ce procès constitue une étape importante pour les victimes congolaises, mais aussi pour la justice internationale, qui cherche à combler les lacunes laissées par des années d’impunité dans la région des Grands Lacs.
Roger Lumbala a été mis en examen le 2 janvier 2021 pour “association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes contre l’humanité” et “complicité de crimes contre l’humanité”, des faits remontant aux années 2002 et 2003, au plus fort de la deuxième guerre du Congo.
La loi française donne une compétence universelle aux magistrats lorsqu’il s’agit de crimes contre l’humanité. En d’autre termes, le parquet peut poursuivre une personne étrangère même si les faits ont été commis en dehors du territoire national dans les cas de crimes contre l’humanité.
Accusations d’exécutions, viols et travail forcé
Selon les Nations unies, le groupe armé de Roger Lumbala, le RCD-N (Rassemblement congolais pour la démocratie nationale) soutenu par l’Ouganda, a perpétré des exécutions, des viols, et a imposé du travail forcé et de l'esclavage sexuel.
Le rapport Mapping des Nations unies, paru en 2010, qui a pour objectif de recenser les crimes les plus graves commis en RDC entre 1993 et 2003, évoque un schéma de pillages, de meurtres et de viols comme tactique de guerre.

Son groupe armé a particulièrement ciblé les minorités ethniques Nande et Bambuti lors de ses opérations dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri en 2002 et 2003. L’Association nationale des victimes du Congo (ANVC) affirme avoir documenté plus de 2 500 cas de violences sexuelles qui attendent que justice soit faite contre Roger Lumbala.
A la fin de la guerre en juin 2023, Roger Lumbala devient un homme politique. Il sera ministre du Commerce, puis député et sénateur.
Le verdict du procès de Roger Lumbala est attendu le 19 décembre prochain, après un mois d'audiences auxquelles ont participé des dizaines de témoins. S'il est reconnu coupable, il risque la prison à vie.

















