Suspendu depuis plus de quatre ans après une attaque terroriste meurtrière, un projet gazier de 20 milliards de dollars au Mozambique peut reprendre, a annoncé son maître d'œuvre, le géant français des hydrocarbures TotalEnergies.
"Le consortium Mozambique LNG a pris la décision de lever la force majeure", invoquée après une attaque contre la ville de Palma en 2021, a indiqué l'entreprise dans une déclaration.
Ce redémarrage doit encore recevoir l'onction du gouvernement de Maputo, selon la même source. "Dernière étape avant la relance du projet, le conseil des ministres du Mozambique devra approuver un addendum au plan de développement, incluant une mise à jour du budget et du programme" des travaux.
TotalEnergies a aussi précisé que "la présidence mozambicaine a(vait) été officiellement informée vendredi" de la décision des industriels.
Le média local Zitamar avait auparavant fait état de cette reprise du projet colossal d'usine de gaz naturel liquéfié (GNL), située à Afungi dans la province du Cabo Delgado (nord-est), limitrophe de la Tanzanie.
Cette annonce intervient alors que le président mozambicain, Daniel Chapo, se rend samedi aux Etats-Unis où il doit effectuer une visite au siège de la compagnie pétrolière ExxonMobil qui doit prendre une décision d'investissement pour un autre projet gazier géant dans ce pays d'Afrique australe.
Le directeur général d'ExxonMobil Mozambique, Arne Gibbs, avait lié la décision finale d'investissement d'ExxonMobil dans son projet Rovuma LNG à la levée de la force majeure par TotalEnergies, lors d'un forum sur l'énergie à Maputo en septembre.
Si l'Italien ENI produit depuis 2022 sur un site offshore, dont une réplique plus au nord a été officialisée en début de mois, celui de TotalEnergies est d'une capacité quatre fois plus importante.
- Violences persistantes -
Ces projets "pourraient faire du Mozambique un des dix premiers producteurs mondiaux (de gaz, NDLR), contribuant à 20% de la production africaine d'ici à 2040", d'après un rapport du cabinet d'audit Deloitte de 2024.
Les ONG de défense de l'environnement qualifient de "bombes climatiques" les projets en développement dans la province du Cabo Delgado depuis que de gigantesques réserves de gaz naturel ont été découvertes au début des années 2010 au large de ses côtes.

Aucune attaque de l'ampleur de celle de Palma ne s'est produite depuis 2021.
Celle-ci avait fait plus de 800 morts, selon un bilan de l'Acled, ONG spécialisée dans la collecte des données sur les conflits. Plusieurs sous-traitants ou familles de victimes ont déposé plainte contre le géant français en octobre 2023, l'accusant de ne pas avoir assuré leur sécurité.
Mais loin de s'éteindre, l'insurrection active depuis 2017 et dont les auteurs sont affiliés à Daesh a déjà mené 633 attaques contre des civils cette année, presque deux fois plus qu'en 2024, selon l'ONU.

En juillet, des chefs traditionnels de villages bordant le projet de TotalEnergies et des ONG avaient demandé au Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU (HCDH) une enquête sur les accusations d'exactions portées contre des soldats mozambicains chargés de protéger le site en 2021.
La justice mozambicaine et la commission des droits de l'homme du Mozambique ont chacune ouvert une enquête ces derniers mois. TotalEnergies avait souligné avoir "sollicité" ces investigations.















