FRANCE
4 min de lecture
Le halal attaqué en France par la polémiste Bergeaud-Blackler
Dans son nouvel ouvrage, “le Djihad par le marché”, Florence Bergeaud-Blackler accuse les consommateurs musulmans d’être des “soldats du djihad économique.” Ce dernier opus anti-Islam multiplie les accusations sans fondements.
Le halal attaqué en France par la polémiste Bergeaud-Blackler
Le marché du Halal pèse 7 à 12 milliards d'euros en 2025 / others
il y a 10 heures

Ce qui est présenté comme une enquête n’est que la mise à jour du premier livre de cette polémiste. Celle qui se présente comme une anthropologue n’a de cesse en effet de dénoncer le développement de l’offre halal en France, pour des raisons identitaires. “Le halal s’est fait le levier économique d’un assaut civilisationnel silencieux” n’hésite-t-elle pas à déclarer dans les colonnes du Figaro.

L’auteure Florence Bergeaud-Blackler est la la figure privilégiée des médias de droite et d’extrême droite et ses écrits sont de plus en plus polémiques et de moins en moins universitaires. Son centre de recherche
, le Centre Européen de Recherche et d'Information sur le Frérisme, est financé par Pierre-Edouard Stérin, le milliardaire exilé en Belgique qui finance écoles, films, associations culturelles pour mettre en avant une France blanche et catholique. Le nouveau livre de cette polémiste suit sans surprise cette ligne.

La députée La France insoumise (LFI) Ersilia Soudais a dénoncé les propos de l'anthropologue Bergeaud-Blackler, qui décrit le commerce halal comme un outil d’influence idéologique et qualifie les consommateurs musulmans de “soldats d’un djihad économique”.
Selon la députée, ces affirmations sont “à la fois islamophobes et complotistes”, a-t-elle déclaré à l’agence de presse Anadolu.

En RelationTRT Français - Islamophobie en France : racines coloniales et continuités contemporaines

L'auteure accuse dans son livre l’État français de contribuer à l’islamisation de la société en autorisant le halal. Cette fois-encore, la députée LFI Ersilia Soudais juge l’hypothèse saugrenue soulignant que l’État français “ne cesse d’avoir des politiques islamophobes”. 

Une perception raciste du halal

Elle cite plusieurs exemples pour étayer son propos, parmi lesquels : le slogan “Vive le sport, à bas le voile” de Retailleau, la chasse à l’abaya menée par Gabriel Attal alors même qu’il manquait des professeurs lors de cette rentrée 2023, et l’interdiction du port du voile à l’École nationale de la magistrature décidée sous l’autorité de Gérald Darmanin.

Soudais ajoute que “ la focalisation sur le halal relève de l’islamophobie ”. Elle met en garde également à la mise en parallèle avec le casher rappelant que cette opposition “ fait partie d’une stratégie qui utilise la communauté juive contre la communauté musulmane ”.

La chercheuse australienne Shakira Hussein, spécialiste de l’islamophobie et de la représentation des musulmans, a noté que “les campagnes anti-halal reproduisent les mêmes schémas que les campagnes antérieures contre les produits casher, soulignant que le problème n’est pas économique mais identitaire ”.

La scénariste et réalisatrice française, Baya Kasmi déclarait que “la peur du halal, c’est la peur de l’islamisation… Tout cela n’est que pur fantasme et pourtant la peur est réelle, la maladie psychique est réelle ”. 

Le marché halal en plein essor

Dans son ouvrage, Florence Bergeaud-Blackler n’a de cesse de dénoncer le halal, en suggérant que des mouvements intégristes sont à la manœuvre pour pousser à la consommation du halal alors qu’il s’agit d’une des prescriptions générales dans l’Islam.

La polémiste semble ignorer ou choisir d’ignorer que ce marché est en plein essor. Selon un rapport du cabinet DinarStandard, le marché mondial de l’alimentation halal est en forte croissance, et sa valeur devrait passer d’environ 987 milliards d’euros en 2018 à 1 740 milliards en 2027.
En France, le marché est en pleine progression, en 2025, son chiffre d’affaires est estimé entre 7 et 12 milliards d’euros, contre 5,5 milliards en 2010, soit une augmentation de 27 % en quinze ans. Ce dynamisme place la France au deuxième rang mondial, derrière la Malaisie. Et parmi les 10 millions de consommateurs réguliers identifiés, près de 3 millions ne sont pas musulmans, selon l’institut Solis.

Le secteur attire donc de plus en plus des acteurs de la grande distribution ou des investisseurs internationaux.

En septembre 2025, Isla Délice a été rachetée par le fonds A&M Capital Europe qui veut faire passer l’entreprise française à un niveau européen avec des acquisitions au Royaume-Uni, en Belgique et en Allemagne.
Pour la petite histoire, ce leader de la charcuterie halal, Isla délice était au mains d’un fonds d’investissement français, Perwyn dont le patron était Eric Fauchon, de la famille du groupe pétrolier Perenco. 

Enfin en septembre, Carrefour a pris 10 % du capital de la petite chaîne de commerces Hmarket, qui propose notamment des produits halal à bas prix. 

Contactée par l’agence de presse Anadolu, Florence Bergeaud-Blackler n’a pas répondu à nos sollicitations.

SOURCE:TRT français et agences