FRANCE
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Retour sur les émeutes de Clichy-sous-Bois, il y a 20 ans
Le 27 octobre 2005, deux adolescents meurent électrocutés, ils s’étaient réfugiés dans un transformateur EDF pour échapper à un contrôle de police. Les banlieues françaises connaissent alors 21 jours d’émeutes.
Retour sur les émeutes de Clichy-sous-Bois, il y a 20 ans
Une manifestation en mémoire des deux adolescents morts il y a 20 ans a eu lieu ce matin à Clichy-sous-Bois / AFP
il y a 11 heures

C’est un anniversaire triste pour la ville de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ce lundi, un arbre sera planté en face du collège que fréquentaient Zyed et Bouna, en présence des familles. 


Tout a commencé par un banal contrôle de police après un match de foot dans la ville voisine de Livry-Gargan, après l’appel d’un riverain. La petite bande n’a rien fait mais les adolescents s’enfuient.
Pour échapper aux forces de l’ordre, trois d’entre eux escaladent un mur et se réfugient dans un transformateur EDF. Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, sont électrocutés, leur ami Muhittin, 17 ans, est gravement brûlé.

Le lendemain, les émeutes démarrent. Les affrontements avec la police vont durer trois semaines. Les habitants sont choqués et chaque jour des bâtiments et des voitures brûlent.

La ligne dure du ministre de l’Intérieur de l’époque, Sarkozy

Lors d’une marche silencieuse, les familles appellent au calme, mais la police est accusée d’avoir causé la mort de deux adolescents et la colère des jeunes explose. Ils disent avoir besoin de boulots et de logements.

En face, le ministre de l’Intérieur, un certain Nicolas Sarkozy,  prône “la tolérance zéro face aux violences” et assure que les policiers ne poursuivaient pas les jeunes. Ce même Nicolas Sarkozy en visite à la Courneuve quelques mois plus tôt avait lancé vouloir “nettoyer au Karcher, la cité des 4 000.”

Le dimanche 30, une grenade lacrymogène atterrit aux portes d’une salle de prière en plein ramadan, ce qui relance les violences. C’est à partir de là que les émeutes se propagent aux autres villes du département puis à toute la France. Au bout de trois semaines, sur l’ensemble de la France, plus de 10 000 véhicules ont été brûlés, 233 bâtiments publics incendiés, 6 056 personnes ont été interpellées.

L’Etat investit des millions dans la rénovation urbaine

Le maire de Clichy-sous-Bois actuel, adjoint à l’époque des émeutes, se rappelle le manque de compassion des autorités politiques dans une interview publiée dans le quotidien le Parisien.

Olivier Klein souligne qu’en vingt ans, sa ville a changé, les logements sociaux ont été réhabilités ou reconstruits, de nouveaux équipements ont vu le jour, des écoles ont été construites, le tramway est arrivé en 2012 puis une station de métro va être inaugurée en 2019 dans le sillage des travaux du Grand Paris. La ville s’est transformée. Elle n’est plus désenclavée mais le maire admet que cela ne suffit pas. 
Clichy-sous-Bois s’est à nouveau embrasée avec la mort de Nahel en 2023 tué par un policier.

Selon une enquête de l’association en charge des enquêtes sociales rapides (ESR) dans les Hauts-de-Seine en 2023, les personnes interpellées lors de cette nouvelle vague d’émeutes expliquent leur participation par la colère vis-à-vis de l’Etat et des institutions qui le représentent comme la police, ainsi que le manque de perspective.

20 ans après, Clichy-sous-Bois est devenu le symbole de ces villes ou quartiers où persistent un sentiment d’injustice et de rejet. L’Etat peine à y soigner les maux sociaux, particulièrement le chômage élevé. Les institutions de l’Etat y paient le prix du rejet de ces Français par une classe politique figée dans une vision racisée de l’ordre républicain. Ainsi, le tout récent ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau qualifiaient les Français issus de l’immigration de “Français de papier”.

SOURCE:TRT français et agences