MOYEN-ORIENT
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Les 9 grands mensonges d’Israël pour justifier le génocide à Gaza après le 7 octobre
Des prétendus “bébés décapités” à la propagande de “l’armée la plus morale du monde”, nous examinons ici les principales contre-vérités diffusées par Israël pour manipuler le récit sur la guerre à Gaza et influencer l’opinion mondiale.
Les 9 grands mensonges d’Israël pour justifier le génocide à Gaza après le 7 octobre
Parallèlement à ses violences, Israël mène une vaste campagne de désinformation visant à blanchir ses crimes à Gaza. / TRT Français
8 octobre 2025

Noureldein Ghanem

Le génocide mené par Israël à Gaza n’est pas seulement une campagne d’anéantissement et de massacres massifs sur le terrain: c’est aussi une guerre de propagande et de désinformation destinée à gagner la bataille du récit.

Depuis le 7 octobre 2023, Tel-Aviv massacre sans relâche la population palestinienne assiégée. Plus de 67 000 Palestiniens ont été tués, un chiffre que les experts estiment sous-évalué.

Parallèlement à ces violences, Israël mène une vaste campagne de désinformation visant à blanchir ses crimes à Gaza.

Malgré de multiples démentis, plusieurs médias occidentaux ont relayé ces fausses informations, notamment au début de la guerre israélienne.

Alors que des pourparlers de cessez-le-feu se tiennent au Caire pour tenter de mettre fin aux violences israéliennes qui entrent dans leur troisième année, voici les principaux mensonges et manipulations de Tel-Aviv contre les Palestiniens.

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1. Les “40 bébés décapités”

Cette histoire, bien qu’infirmée depuis longtemps, a marqué le début d’une série de fausses informations relayées par Israël à propos de Gaza et du Hamas.

L’agence turque Anadolu fut la première à démentir cette allégation, reprise massivement par les médias et les réseaux sociaux, citant un porte-parole de l’armée israélienne qui déclara ne pas pouvoir confirmer les propos de la chaîne israélienne i24News, à l’origine de la rumeur.

Le média Grayzone a ensuite identifié la source de cette intox : David Ben Zion, commandant de l’unité 71 de l’armée israélienne, colon extrémiste connu pour ses incitations répétées à la violence contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée.

Peu après son interview mensongère, il apparaissait hilare dans une vidéo Facebook — un comportement incompatible avec celui du témoin d’un massacre.

Même l’ancien président américain Joe Biden affirma à tort avoir vu les images des bébés décapités. La Maison Blanche dut rétropédaler rapidement, reconnaissant que ces images n’existaient pas.

Aucune photo, vidéo ni corps correspondant à cette allégation n’ont jamais été présentés.

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2. Les viols et agressions sexuelles de masse

Israël a également tenté de faire croire que le Hamas avait commis des viols de masse le 7 octobre. Comme pour l’affaire des “bébés décapités”, cette accusation s’est révélée fausse.

Chaim Otmazgin, volontaire de l’organisation israélienne ZAKA, avait initialement prétendu que l’état des corps des victimes prouvait des agressions sexuelles.

Mais quelques mois plus tard, il a déclaré à Associated Press qu’il n’avait alors “pas pu imaginer d’autre explication” et que son affirmation était erronée.

À l’inverse, plusieurs vidéos et rapports documentent des cas de violences sexuelles commises par des soldats israéliens contre des prisonniers palestiniens, hommes et femmes.

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3. “Le Hamas utilise les civils comme boucliers humains”

Cette affirmation, sans preuve, est l’un des leitmotivs de la propagande israélienne.
Durant l’offensive à Gaza, Israël a notamment prétendu que le Hamas opérait sous l’hôpital Al-Shifa. Aucune preuve tangible — ni vidéo, ni photo — n’a été fournie.

Le docteur Mads Gilbert, qui y travaille depuis seize ans, a confirmé n’y avoir observé aucune présence militaire.

En revanche, des vidéos, notamment diffusées par Al Jazeera, montrent des soldats israéliens visant délibérément des civils sans menace, comme à al-Shujaiah le 18 mai 2025.

Les troupes israéliennes ont également attaqué des civils qui tentaient de récupérer de l’aide humanitaire et bombardé des zones désignées comme "zones sûres" à Khan Younis et Deir al-Balah, selon une enquête de la BBC.

Par ailleurs, Israël a lui-même été accusé à de multiples reprises d’utiliser des Palestiniens comme boucliers humains.

Le juriste George Bisharat a rappelé à TRT World que l’armée israélienne a, depuis des décennies, recours à cette pratique, documentée : “On a vu des soldats attacher des civils palestiniens au capot de leurs jeeps ou les forcer à entrer les premiers dans des bâtiments lors d’opérations”.

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4. “Le Hamas vole l’aide humanitaire”

Depuis mars 2025, Israël bloque quasi totalement l’entrée de l’aide à Gaza et accuse le Hamas de détourner les rares convois autorisés.

Mais le 25 juillet 2025, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a affirmé n’avoir trouvé aucune preuve de détournement de l’aide par le Hamas.

Le lendemain, l’armée israélienne elle-même a reconnu auprès du New York Times ne disposer d’aucune preuve de telles accusations.

Le 6 juin, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a même admis qu’Israël payait des gangs criminels à Gaza pour voler l’aide humanitaire.

En réaction, le Hamas a ordonné à Yasser Abu Shabab, chef d’un de ces gangs financés par Israël, de se rendre.

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5. “Les journalistes travaillent pour le Hamas”

Depuis le début du génocide, Israël accuse de nombreux journalistes palestiniens de collaborer avec le Hamas.

En octobre 2024, Tel-Aviv a affirmé que six journalistes d’Al Jazeera travaillaient pour le mouvement palestinien. La chaîne qatarie a démenti ces accusations, estimant qu’Israël cherchait ainsi à préparer le terrain pour les éliminer.

Tous les six ont ensuite été assassinés par Israël, le dernier en date étant Anas Al-Sharif. Ce journaliste avait à plusieurs reprises déclaré ne pas travailler pour le Hamas et avait demandé une protection avant d’être finalement tué.

En août, une frappe israélienne contre l’hôpital Nasser a également tué cinq journalistes. Israël a prétendu que la caméra installée sur le toit appartenait au Hamas — une justification aussitôt démentie par les autorités de Gaza et par Euro-Med, qui ont précisé qu’elle appartenait à Reuters.

L’agence britannique a mené sa propre enquête et confirmé que la caméra était bien la sienne.

Des analystes des médias ont déclaré à TRT World que cette politique d’assassinats ciblés de journalistes vise à instaurer un black-out médiatique et à contrôler le récit du conflit. Environ 300 journalistes et employés des médias ont été tués par Israël depuis le début de sa guerre.

6. “Le Hamas empêche les accords de cessez-le-feu”

Israël prétend que le Hamas aurait bloqué les initiatives de cessez-le-feu — une affirmation fausse.

En réalité, le Hamas a accepté de nombreuses propositions de trêve formulées par le Qatar, l’Égypte et même les États-Unis :

  • En mai 2025, il a accepté un plan de cessez-le-feu en trois phases proposé par Doha et Le Caire ;

  • En mai 2024, il avait déjà approuvé, contrairement à Israël, un plan soutenu par le président turc Recep Tayyip Erdogan ;

  • En août 2025, il accepta un accord élaboré par l’envoyé américain Steve Witkoff ;

  • En janvier 2025, il approuva un autre projet de trêve salué par Joe Biden lui-même.

    C’est en revanche Benjamín Netanyahu qui a rejeté ou saboté la plupart de ces efforts, souvent avec la complicité de Washington.

    En septembre 2024, il a refusé d’entamer des négociations de trêve alors que les massacres se poursuivaient. Les médias israéliens ont documenté comment Netanyahu a torpillé plusieurs propositions de cessez-le-feu au cours de 2025.

    Même les familles des otages israéliens l’ont accusé de faire traîner les négociations pour prolonger la guerre à des fins politiques. Les États-Unis, quant à eux, ont opposé leur veto à six reprises aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU réclamant un cessez-le-feu à Gaza.

7. Minimiser le nombre de victimes palestiniennes

Israël s’efforce systématiquement de minimiser le nombre de morts palestiniens, en contestant les chiffres fournis par les organisations internationales et les autorités sanitaires locales.

Cette stratégie vise à réduire la portée de ses crimes et à détourner les accusations de violations du droit international.

Les observateurs indépendants s’accordent à dire que les pertes humaines palestiniennes sont bien supérieures aux bilans officiels israéliens.

Les registres palestiniens font état de plus de 67 000 morts et environ 170 000 blessés. Ces chiffres sont jugés crédibles par l’ONU et plusieurs ONG et certains experts estiment même que le nombre réel de morts pourrait atteindre 200 000.

8. “Les frappes israéliennes sont précises”

Israël affirme que ses “opérations” à Gaza seraient “chirurgicales” et viseraient uniquement les combattants du Hamas et leurs infrastructures.

Les faits démentent cette version : les rapports des Nations unies, d’Amnesty International, de Human Rights Watch et de nombreux médias attestent de destructions massives dans les zones civiles – habitations, écoles, hôpitaux, camps de réfugiés.

L’ampleur des morts, notamment parmi les femmes et les enfants, contredit les prétentions de précision.

9. “L’armée israélienne est la plus morale du monde”

Les dirigeants israéliens présentent depuis longtemps leurs forces armées comme “l’armée la plus morale du monde”, un slogan répété depuis le début du génocide.

Selon plusieurs analystes, cette formule relève d’une propagande visant à normaliser des pratiques immorales.

Dans les faits, l’armée israélienne a tué des dizaines de milliers de civils, détruit des quartiers entiers et commis des crimes de guerre dénoncés par Amnesty International et Human Rights Watch.

La Cour pénale internationale (CPI) a d’ailleurs émis des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, toujours en fuite.

Des enquêtes de TRT World et de Haaretz ont mis au jour des cas de pillages, de tortures, de violences sexuelles et de meurtres gratuits commis par des soldats israéliens.

Certains se sont filmés en train de piller des maisons palestiniennes, de brûler des logements, de détruire des jouets d’enfants ou de railler les déplacés.

Des vidéos les montrent aussi revêtant les sous-vêtements de Palestiniens ou jouant avec les têtes des enfants tués, dans une mise en scène macabre.

Des rapports de la BBC ont révélé que sur 160 cas étudiés d’enfants tués à Gaza, 95 avaient reçu une balle dans la tête ou la poitrine – des tirs ne pouvant être qualifiés d’”accidents” ni de “tirs destinés à blesser”.

SOURCE:TRT World