Vladimir Poutine a annoncé mardi que la Russie suspendait sa participation au traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire, aggravant la rupture avec l'Occident qu'il accuse d'avoir provoqué une escalade du conflit en Ukraine.
Le traité New Start sur le désarmement nucléaire, auquel la Russie a décidé de suspendre sa participation, était le dernier accord bilatéral du genre liant les deux anciens rivaux de la Guerre froide.
Vladimir Poutine a annoncé mardi que la Russie suspendait sa participation au traité russo-américain New Start, aggravant la rupture entre les deux pays. Dans la foulée, la diplomatie russe a convoqué l'ambassadrice américaine à Moscou pour lui remettre une note exigeant des Etats-Unis le retrait des "soldats et équipements" de l'Otan en Ukraine, une référence à l'aide militaire que Kiev reçoit des Occidentaux.
Dans un discours d'une heure et quarante-cinq minutes, M. Poutine a aussi juré de poursuivre "méthodiquement" son offensive en Ukraine. Peu impressionnée, la présidence ukrainienne a réagi en promettant de "chasser et punir" la Russie..
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a quant à lui dénoncé "l'absurdité" du discours antioccidental de M. Poutine.
"Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s'en prennent à nos sites nucléaires, c'est pourquoi je suis dans l'obligation d'annoncer que la Russie suspend sa participation au traité (New) Start", a déclaré le président russe. M. Poutine a aussi appelé les forces russes à se tenir prêtes à des essais d'armes nucléaires, au cas où les Etats-Unis en feraient en premier.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a qualifié la décision de la Russie sur New Start de "très décevante et irresponsable", tout en assurant que les Etats-Unis "restent prêts à ouvrir des discussions sur les armes stratégiques" avec Moscou. "Nous surveillerons attentivement pour voir ce que la Russie fait réellement", a aussi indiqué le secrétaire d'Etat américain.
De son côté, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a regretté la décision de Moscou l’invitant à la reconsidérer.
En quoi consistait ce traité ?
Ce texte signé en 2010 dans la capitale tchèque, Prague, par le président américain d'alors Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev avait été prolongé pour cinq ans en 2021. Il s'agissait alors d'une des composantes clés de la politique du "reset", une tentative de l'administration américaine de "réinitialiser" les relations avec le Kremlin.
L'accord New Start devait limiter les arsenaux des deux puissances nucléaires à un maximum de 1.550 ogives, soit une réduction de près de 30% par rapport à la limite précédente fixée en 2002. Il limite aussi le nombre de lanceurs et bombardiers lourds à 800, ce qui reste suffisant pour détruire la Terre plusieurs fois.
Le traité impliquait une série d'inspections mutuelles de sites militaires, un pilier de la politique de désarmement dite du "Faites confiance, mais vérifiez", prônée par l'ancien président américain Ronald Reagan.
Moscou et la nouvelle administration de Joe Biden avaient trouvé un accord in extremis en janvier 2021 pour le prolonger de cinq ans, jusqu'au 5 février 2026, dans un climat de grande défiance mutuelle. Mais avant même l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022, les relations entre Moscou et Washington avaient atteint leur plus bas depuis la fin de la Guerre froide, entre désaccords persistants sur un nombre croissant de dossiers internationaux, accusations d'ingérence électorale et d'espionnage et vague massive de cyberattaques.
L'accord de prolongation avait été promptement ratifié par le Parlement russe, puis validé par Washington. Le 9 août 2022, la Russie avait annoncé suspendre les inspections américaines prévues sur ses sites militaires dans le cadre du traité, assurant agir en réponse à des entraves américaines aux inspections russes similaires aux Etats-Unis.
Alors que le ton était un peu retombé à propos des menaces d'une frappe nucléaire de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine, une réunion avait été prévue du 29 novembre au 6 décembre 2022 au Caire pour discuter d'une possible reprise des inspections. Mais la veille de la réunion, Moscou avait annoncé son report sine die, accusant Washington d'"hostilité" et de "toxicité". Le 1er février 2023, la Russie avait accusé les Etats-Unis d'avoir "détruit le cadre juridique" du traité.
Pendant la présidence de Donald Trump, les Etats-Unis s'étaient retirés avec fracas de deux traités internationaux majeurs: l'accord sur le nucléaire iranien et le traité russo-occidental "Ciel Ouvert" de surveillance aérienne. Ce dernier avait été dénoncé par Moscou dans la foulée. Washington avait aussi dénoncé l'important traité de désarmement sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), signé lors de la Guerre froide avec Moscou.