"De plus en plus de personnes décident déjà de quitter leurs foyers dans la région du Sahel" (AP)

Un rapport publié par l'organisme des Nations unies a montré jeudi que quelque 89,3 millions de personnes avaient été déplacées de force dans le monde en raison de persécutions, de conflits, d'abus et de violences à la fin de 2021.

Depuis lors, des millions d'autres personnes ont fui l'Ukraine ou ont été déplacées à l'intérieur de ses frontières, et la hausse des prix liée au blocage des exportations de céréales devant mener à d'autres déplacements ailleurs dans le monde.

"Si vous avez une crise alimentaire en plus de tout ce que j'ai décrit - guerre, droits de l'homme, climat - cela ne fera qu'accélérer les tendances que j'ai exposées dans ce rapport", a déclaré Filippo Grandi aux journalistes, décrivant des chiffres "stupéfiants".

"Il est clair que l'impact de ce problème, s'il n'est pas résolu rapidement, sera assez dévastateur".

De plus en plus de personnes décident déjà de quitter leurs foyers dans la région du Sahel, en Afrique, en raison de la hausse des prix et des insurrections violentes, a-t-il ajouté.

Globalement, le nombre de personnes déplacées a augmenté chaque année au cours de la dernière décennie, selon le rapport du HCR. Il représente désormais plus du double des 42,7 millions de personnes déplacées en 2012.

Filippo Grandi a également critiqué ce qu'il a appelé un "monopole" des ressources accordées à l'Ukraine alors que d'autres programmes d'aide aux déplacés sont sous-financés.

"L'Ukraine ne doit pas nous faire oublier d'autres crises", a-t-il déclaré, mentionnant le conflit éthiopien, vieux de deux ans, et la sécheresse dans la Corne de l'Afrique.

La réponse de l'Union européenne aux flux de réfugiés a été "inégale", a ajouté Filippo Grandi. Il a comparé les querelles entre Etats concernant l'accueil de petits groupes de migrants traversant la Méditerranée en bateau à la générosité des pays de l'UE envers les réfugiés ukrainiens depuis le début de l’offensive russe en février.

"Cela prouve certainement un point important: répondre aux afflux de réfugiés, à l'arrivée de personnes désespérées sur les côtes ou aux frontières des pays riches n'est pas ingérable", a-t-il dit.

Le rapport indique qu'à la fin de 2021, les pays à faibles revenus ou à revenus intermédiaires accueillent 83% des réfugiés dans le monde.

Reuters