Le Bangladesh exhorte l'ONU à s'engager efficacement dans le rapatriement durable des Rohingyas (Reuters)

Le Bangladesh a exhorté les Nations Unies à s'engager efficacement auprès du Myanmar pour le rapatriement durable des Rohingyas déplacés dans leur pays d'origine, l'État de Rakhine au Myanmar.

Le ministre bangladais des Affaires étrangères, AK Abdul Momen, a lancé cet appel lors de sa rencontre avec la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, en visite dans la capitale Dacca dimanche soir, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

"Le séjour prolongé des Rohingyas déplacés au Bangladesh comporte le risque d'une propagation du radicalisme, de la criminalité transnationale, etc. et peut donc entraver la stabilité régionale", a déclaré Momen dans le communiqué.

Affirmant que le gouvernement du Bangladesh a pris soin des Rohingyas persécutés depuis le tout début et même pendant la pandémie en leur fournissant des vaccins, Momen a exhorté le système des Nations Unies, y compris le PNUD, "à entreprendre des projets à Rakhine pour créer un environnement propice au retour des Rohingyas."

Michelle Bachelet a assuré le pays hôte des "efforts continus de l'ONU pour assurer le retour sûr et volontaire des Rohingyas au Myanmar."

Mais pour une vie meilleure et propice au Bangladesh jusqu'au rapatriement pacifique, elle a souligné qu'il était nécessaire d'assurer leur [les Rohingyas] éducation en rendant pleinement opérationnels les établissements d'enseignement dans les camps", ajoute le communiqué.

La Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a eu une journée bien remplie dès son arrivée, puisqu'elle a également rencontré le ministre de la Justice, Anisul Huq, le ministre de l'Intérieur, Asaduzzaman Khan, et la ministre de l'Éducation, Dipu Moni.

De nombreuses questions ont été abordées lors de ses réunions avec les hauts responsables, notamment la loi controversée sur la sécurité numérique du Bangladesh (DSA), que les critiques ont qualifiée de "loi draconienne" promulguée avant les élections générales de 2018 pour harceler politiquement les voix de l'opposition.

Le ministre de la Justice, Anisul Huq, a toutefois déclaré à la responsable des droits de l'homme de l'ONU que cette loi avait été promulguée pour lutter contre la cybercriminalité.

Tournée de 4 jours pour évaluer la situation des droits de l’homme

La responsable des droits de l'homme des Nations Unies est arrivée au Bangladesh dans la matinée pour une visite officielle de quatre jours, destinée à évaluer la situation des droits de l'homme dans ce pays d'Asie du Sud et à se pencher sur le sort de la communauté Rohingya persécutée.

Il s'agit de la toute première visite officielle d'un responsable des droits de l'homme des Nations Unies au Bangladesh, un pays de plus de 165 millions d'habitants.

Au cours de sa visite, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme rencontrera la Première ministre bangladaise Sheikh Hasina, les membres de son gouvernement et des représentants de la société civile.

Elle s'entretiendra également avec la Commission nationale des droits de l'homme du Bangladesh et des représentants de la jeunesse.

Des rencontres avec des réfugiés Rohingyas dans le district frontalier de Cox's Bazar figurent également au programme.

Le Bangladesh accueille actuellement plus de 1,2 million de Rohingyas, dont la plupart ont fui une répression militaire brutale dans leur pays d'origine, l'État de Rakhine au Myanmar, en août 2017.

La visite de Bachelet à la veille du 5e anniversaire de l'exode des Rohingyas au Bangladesh est considérée comme significative.

Neuf organismes internationaux de défense des droits ont ainsi demandé à Michelle Bachelet de faire pression sur le gouvernement bangladais afin d'améliorer la situation des droits de l'homme dans le pays, dans un contexte d'augmentation des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, de la torture lors des gardes à vue et du harcèlement des critiques du gouvernement en vertu de la loi controversée sur la sécurité numérique.

AA