Adaptation climatique: l’Afrique appelle les pays développés au respect des engagements financiers (Reuters)

Des dirigeants africains ont alerté lundi sur l’urgence pour les pays développés de respecter les engagements issus de l’accord de Paris (2015) afin de permettre un financement adéquat de l’adaptation climatique pour l’Afrique.

Ces voix du continent participent au sommet sur l’adaptation en Afrique qui se tient, lundi, aux Pays-Bas sur initiative du Centre mondial pour l’adaptation, en collaboration avec l’Union africaine, la Banque africaine de développement (Bad), du Fonds monétaire international (Fmi) et plusieurs autres partenaires.

“Les engagements des pays développés pour fournir annuellement 100 milliards de dollars pour le financement climatique des pays en développement, tardent à venir. L’Afrique ne peut plus attendre. Maintenant est le moment de soutenir le programme d’accélération de l’adaptation en Afrique avec l’argent dont elle a besoin”, a indiqué Akinwumi Adesina, président de la BAD.

“Il faut à l’Afrique 180 milliards de dollars annuellement pour atteindre les engagements de Paris”, a relevé Adesina.

“Il nous reste moins de 10 ans sur le chrono mondial 2030 de l’action climatique et de développement durable. Au-delà des effets d’annonce, il urge de faire face à nos obligations collectives de justice climatique et d’équité économique et sociale vis-à-vis de l’Afrique”, a indiqué de son côté le président sénégalais Macky Sall.

“Les engagements financiers de l’accord de Paris sur le climat et les nombreuses annonces en faveur de la résilience climatique et économique et de la relance post pandémie Covid-19 tardent à être concrétisés. Il en est ainsi des 100 milliards de dollars par an promis en soutien aux efforts d’adaptation et de réduction d’émission des pays en développement. Engagement qui aurait dû être matérialisé depuis 2020”, s’est ainsi désolé Sall, par ailleurs président en exercice de l’UA.

Il s’est empressé d’assurer que cet engagement ne saurait être pris comme une faveur faite aux pays en développement.

“C’est tout le sens de notre plaidoyer pour la mobilisation des annonces déjà faites notamment l’engagement financier des 100 milliards de dollars par an de 2020 à 2030, l’affectation à l’Afrique d’une partie des obligations vertes et autres investissements innovants”, a clamé le président de l’UA.

A ce propos, Felix Tshisekedi, son prédécesseur à cette fonction, a dressé un constat plus alarmant.

“Force est de constater que cet engagement n’a pas été respecté. Entretemps, les impacts qui devaient se produire avant 2020 ont augmenté de façon spectaculaire. Il ressort que l’engagement à nous verser quelque 100 milliards par an paraît soudain bien en deçà de ce qui serait nécessaire”, a soutenu le président de la République démocratique du Congo.

“Pour être précis avec les chiffres ; alors qu’on estime que l’Afrique aurait besoin d’environ 36 milliards de dollars par an pour faire face aux impacts actuels négatifs du changement climatique, elle n’en perçoit que 6 milliards”, a détaillé le dirigeant congolais.

“L’Afrique est lésée à la fois par le changement climatique et par le financement climatique”, a-t-il fini par souligner. Le sommet sur l’adaptation en Afrique qui a enregistré la présence du président ghanéen Nana Akufo Addo et du président du forum des personnes vulnérables au climat et Uhuru Kenyatta, champion mondial de l’Aaap (Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique) qui ont émis dans le même tempo, signalant l’urgence d’un afflux de financements pour l’adaptation.

Le sommet de l’adaptation qui se tient en prélude à la conférence des parties sur le changement climatique (Cop 27 - la première en terre africaine) en Egypte, au mois de novembre, ambitionne de mobiliser et d'accroître les ressources pour l’AAAP. Ledit programme vise à concrétiser la vision de l’initiative d’adaptation en Afrique en mobilisant 25 milliards de dollars d’investissement d’ici 2025 pour l’adaptation au climat.

“En plus de l’objectif visant à recueillir 25 milliards de dollars d’ici 2025, nous attendons surtout du programme d’accélération de l’adaptation en Afrique un accompagnement diligent en termes d’expertise pour l’accès des projets et initiatives éligibles aux mécanismes de financement vert”, a, en outre, relevé le président sénégalais qui en appelle à la mobilisation.

“Il y va de l’intérêt et de la responsabilité de chacun de nos pays parce que ce n’est pas seulement le sort de l’Afrique qui est en jeu mais aussi l’avenir de la planète et le destin de l’humanité”, a-t-il ainsi lancé.

AA