Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a annoncé, ce jeudi, la mise en œuvre de lois plus strictes contre les discours de haine, à la suite d’une fusillade de masse survenue à Bondi Beach et ayant fait 15 morts en plus de l’assaillant.
Selon l’Australian Broadcasting Corporation, Albanese a présenté une liste de changements législatifs à l’issue d’une réunion du Comité de sécurité nationale.
“Les gouvernements ne sont pas parfaits, je ne suis pas parfait”, a-t-il déclaré aux journalistes à Canberra.
Une photographie de Matilda Britvan, 10 ans, victime d’une fusillade lors d’une célébration juive dimanche à Bondi Beach, repose parmi des hommages floraux à Sydney, en Australie, le 16 décembre 2025. /Reuters
“J’ai fait de mon mieux pour réagir”, a-t-il ajouté.
“Toute personne dans cette situation regretterait de ne pas en avoir fait davantage, ainsi que les insuffisances qui peuvent exister”, a-t-il poursuivi, “mais ce que nous devons faire, c’est aller de l’avant”.
Les changements prévoient notamment la création de nouvelles infractions fédérales pour des “délits aggravés de discours de haine visant les prédicateurs et les dirigeants qui encouragent la violence”, ainsi qu’un alourdissement des peines pour les “discours de haine incitant à la violence”.
Ils incluent également la prise en compte de la haine comme circonstance aggravante dans la condamnation des crimes liés aux menaces et au harcèlement en ligne, l’élaboration d’un dispositif permettant d’inscrire sur une liste des organisations “dont les dirigeants se livrent à des discours de haine incitant à la violence ou à la haine raciale”, ainsi que des mesures contre la “diffamation grave fondée sur la race et/ou la promotion de la suprématie raciale”.
Le ministre de l’Intérieur se verra également conférer de nouveaux pouvoirs pour annuler ou refuser des visas, tandis qu’un groupe de travail de 12 mois exercera un contrôle accru sur le système éducatif.
Les victimes ont été tuées dimanche lorsqu’un duo père-fils a ouvert le feu le long de la plage à Sydney. L’un des deux tireurs présumés a été abattu, tandis que l’autre a été grièvement blessé et reçoit des soins à l’hôpital.
Mercredi, le chef du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud, où l’attaque a eu lieu, a déclaré qu’il convoquerait la semaine prochaine le parlement de l’État afin d’adopter en urgence des réformes sur les lois relatives aux armes à feu.
Les parents de Matilda, la victime de 10 ans de la fusillade de Bondi Beach, avaient auparavant critiqué le gouvernement pour son manque de réaction face à la montée des crimes de haine.
Valentyna, la mère de Matilda, s’est exprimée mercredi dans les médias australiens au sujet d’une série d’attaques à Sydney. La famille a demandé aux médias de ne pas utiliser leur nom de famille.
Matilda, dont les funérailles se sont tenues ce jeudi, était la plus jeune des 15 personnes tuées lors de la fusillade. Ses obsèques ont suivi les premières cérémonies en hommage aux victimes organisées mercredi, notamment celles des rabbins Eli Schlanger, 41 ans, et Yaakov Levitan, 39 ans.
Le projet de loi intervient dans un contexte de hausse documentée des discours et crimes de haine à travers l’Australie. Les autorités et les organisations communautaires font état d’une augmentation des incidents à caractère islamophobe et antisémite, en particulier après la fusillade de Bondi Beach.
Dans les jours qui ont suivi l’attaque, les menaces en ligne, les actes de vandalisme et le harcèlement visant les minorités religieuses se sont intensifiés, notamment avec un incident au cours duquel un cimetière musulman a été profané par le dépôt de têtes de porc.
















