La Tanzanie tente de retrouver un semblant de normalité après cinq jours de confinement strict et de coupure d’internet imposés à la suite des violentes manifestations qui ont éclaté après les élections présidentielle et législatives.
À Dar es Salaam, la capitale économique, la vie reprenait timidement mardi, selon un journaliste de l’AFP. Les files d’attente s’allongeaient devant les stations-service rouvertes, tandis que la connexion internet était partiellement rétablie. Dans les rues, la présence de forces de sécurité restait toutefois très visible, selon l’AFP. Quelques bus, principaux moyens de transport public, ont repris leurs trajets, tandis que les chauffeurs de motos-taxis et de tuk-tuks tentaient de pallier le manque à des tarifs gonflés par la flambée du prix du carburant.
“J’espère que la violence ne recommencera pas. Certains d’entre nous mouraient de faim. Je dois retourner travailler pour nourrir ma famille”, confie Rehema Shehoza, 32 ans, vendeuse ambulante.
Une répression d’une ampleur inédite
Les autorités avaient imposé un confinement national et bloqué l’accès à internet pendant cinq jours, après trois jours de manifestations contre le régime de la présidente Samia Suluhu Hassan, réprimées dans le sang. L’opposition avance un bilan d’au moins 800 morts, un chiffre impossible à vérifier de manière indépendante, mais des sources diplomatiques et sécuritaires estiment que plusieurs centaines, voire des milliers de personnes auraient péri.
Lors de son investiture, la présidente a reconnu pour la première fois l’existence de victimes, évoquant “des actes de violence ayant entraîné des pertes de vies humaines”, sans toutefois communiquer de bilan précis.
Avec la réouverture partielle d’internet lundi, des images choquantes ont circulé sur les réseaux sociaux, montrant des cadavres entassés et des forces de sécurité ouvrant le feu. La police a rapidement mis en garde contre la diffusion d’images “pouvant créer la panique ou humilier les gens”. Certaines photos ont été authentifiées par le service de vérification de l’AFP, confirmant qu’elles avaient bien été prises en Tanzanie. Elles avaient disparu des réseaux sociaux, ce mardi.
Selon les résultats officiels, la présidente sortante Samia Suluhu Hassan, 65 ans, a été réélue avec près de 98 % des voix, dans un scrutin largement critiqué. Ses deux principaux adversaires avaient été écartés de la course, l’un emprisonné, l’autre disqualifié.












