En septembre le président ghanéen John Mahama a indiqué que son pays acceptait d'accueillir les personnes originaires d'Afrique de l'Ouest expulsées des États-Unis dans le cadre du programme de lutte contre l'immigration de Donald Trump.
Ces personnes ont été "rapatriées de force en trois groupes, les 6 septembre, 19 septembre et 13 octobre 2025", ont indiqué dans un communiqué des avocats du groupe de la société civile Democracy Hub.
A son tour, le Ghana en a renvoyé certaines dans leur pays d'origine ou les a abandonnées dans des pays tiers sans papiers, ont déclaré des avocats des personnes expulsées mardi.
Democracy Hub a intenté une action en justice à Accra afin de faire déclarer illégal l'accord d'expulsion conclu entre Accra et Washington ainsi que le traitement réservé aux personnes expulsées déportées au Ghana, selon des documents judiciaires consultés mardi par l'AFP.
- Une plainte déposée -
Lundi, l'organisation a déposé une plainte auprès de la Cour suprême du Ghana via son avocat, Oliver Barker-Vormawor, faisant valoir que M. Mahama avait "agi de manière inconstitutionnelle" en mettant en oeuvre, sans ratification parlementaire, l'accord avec le gouvernement américain concernant "l'accueil, la détention et le transfert vers le Ghana de ressortissants ouest-africains rapatriés contre leur gré".
Le recours demande également à la Cour suprême de déclarer "illégale et anticonstitutionnelle" la détention dans des camps militaires et le transfert des personnes rapatriées qui n'ont par ailleurs "été inculpées d'aucun délit".
"Democracy Hub soutient qu'aucun gouvernement n'a le pouvoir de soustraire secrètement le Ghana à ses obligations constitutionnelles et en matière de droits de l'homme", ont indiqué les avocats dans le communiqué mardi.
"La Constitution exige la transparence, le contrôle parlementaire et le respect de la dignité humaine dans toutes les questions de coopération internationale", ont-ils ajouté.
- Nations unies -
Le ministre des Affaires étrangères du Ghana, Samuel Okudzeto Ablakwa, a admis la semaine dernière que son pays accueillait des personnes expulsées en échange de la levée des restrictions américaines en matière de visas.
"Ils (les Américains) nous ont dit: +D'accord, vous êtes venus nous voir avec ce que vous voulez. Vous voulez que nous levions les restrictions en matière de visas, vous voulez que l'AGOA (accord commercial) soit prolongé, vous voulez que nous réexaminions le tarif douanier de 15 %. Nous sommes également confrontés à des défis en matière d'immigration... Nous voulons donc que vous nous aidiez à régler cette question+", a expliqué le ministre sur TV3 Ghana.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a appelé le Ghana à cesser les expulsions vers le Nigeria, la Gambie, le Togo, le Mali, le Liberia ou tout autre pays tiers "lorsqu’il existe des motifs sérieux de croire que les personnes pourraient y être soumises à la torture".
Interrogé fin septembre, le Département d’État américain a indiqué qu’il "continuerait à utiliser tous les moyens appropriés pour renvoyer les étrangers qui ne devraient pas se trouver sur le sol américain".
Lire aussi: Trump met fin au statut légal de plus de 500.000 migrants latino-américains