Un livre blanc sur le massacre de Thiaroye, près de Dakar, où des tirailleurs africains qui réclamaient leurs soldes ont été massacrés par l'armée française le 1er décembre 1944, a été remis jeudi au président sénégalais.
Le chef de l’Etat l'a qualifié d'"étape décisive dans la réhabilitation de la vérité historique" sur l'un des derniers dossiers mémoriels douloureux entre la France et le Sénégal.
Ce rapport a été rédigé par un comité de chercheurs dirigé par l’historien Mamadou Diouf. Selon les premiers éléments connus de ce rapport, le massacre a été “prémédité” et son bilan largement sous-estimé.

Un bilan proche des 400 morts
Le traumatisme lié au massacre de ces tirailleurs originaires de plusieurs pays ouest-africains (Sénégal, Côte d'Ivoire, Guinée, Haute-Volta - devenue aujourd'hui le Burkina Faso), rapatriés après avoir combattu pour l'armée française en Europe lors de la Seconde guerre mondiale et qui réclamaient le paiement d'arriérés de soldes avant de rentrer chez eux, est toujours vif au Sénégal et dans les autres pays concernés.
Selon le bilan des autorités coloniales françaises à l'époque, au moins 35 tirailleurs avaient trouvé la mort lors de ce massacre au camp de Thiaroye, près de Dakar, où ils étaient rassemblés. Un bilan sans doute très largement sous-estimé, affirme le comité de chercheurs auteurs du rapport, pour qui les "estimations les plus crédibles avancent les chiffres de 300 à 400" morts.
Des fouilles archéologiques continuent à Thiaroye
Le corps français des "Tirailleurs sénégalais" - créé sous le Second Empire (1852-1870) et dissous dans les années 1960 - rassemblait des militaires des anciennes colonies françaises d'Afrique, notamment des Sénégalais, des Soudanais (actuels Maliens), des Voltaïques (aujourd'hui Burkinabè), des Ivoiriens.
Les archéologues qui ont mené des fouilles à la demande de l’État sénégalais depuis début mai ont mis au jour des squelettes humains avec des balles dans le corps dans le cimetière de Thiaroye.
Jeudi, le président sénégalais a annoncé avoir validé la poursuite de ces fouilles archéologiques. "La vérité historique ne se décrète pas, elle se découvre excavation après excavation, jusqu'à la dernière pierre soulevée", a-t-il martelé.
En novembre 2024, à l'approche du 80ème anniversaire des événements de Thiaroye, le président français Emmanuel Macron avait reconnu que les forces coloniales françaises avaient commis un "massacre" à Thiaroye.