Le Sénat américain devrait reconduire aujourd’hui pour trois ans, l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) la “ Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique” qui a expiré en septembre dernier. Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, s'est déclaré favorable à une extension de l'AGOA. Il s’agit d’une législation américaine spéciale, signée en 2000 sous Bill Clinton, accordant à près de 40 pays d'Afrique subsaharienne un accès en franchise de droits aux marchés américains.
L'arrivée de Trump au pouvoir le janvier dernier avec sa politique MAGA (Make America great again) sur fond de préférence nationale, avait suscité des craintes du fait de la hausse unilatérale des frais de douane pour les fournisseurs des Etats-Unis.
Au-delà des 10 % des frais de douane imposés à l’ensemble des partenaires économiques des États-Unis, Trump a imposé des taux parfois élevés aux pays du continent. Le Lesotho est toujours menacé par un taux de 50 % de droits de douane, suivi respectivement de Madagascar (47 %), Maurice (40 %) et l'Algérie (30 %).
“Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis”, fulminait Donald Trump, un grand tableau à l'appuie détaillant le niveau des barrières tarifaires qu’il envisageait pour “rendre justice” aux Etats-Unis.
Pretoria dans le viseur de Washington
Dans le collimateur de Trump, l’Afrique du Sud, le pays le plus industrialisé d’Afrique qui tire le mieux partie du dispositif de l’AGOA. Près de la moitié de ces exportations africaines vers les Etats-Unis (2 milliards de dollars sur 4,5 milliards) provenaient d’Afrique du Sud selon une analyse de Jeune Afrique. Depuis les mesures douanières de Trump ont porté un coup de frein à l'essor des exportations sud-africaines vers les Etats-Unis.
Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, s'est déclaré mardi ouvert à un traitement spécifique de l'Afrique du Sud par rapport aux autres pays africains, dans l'éventualité où Washington prolongerait l'Initiative de Croissance et d'Opportunité en Afrique (AGOA) avec l'Afrique subsaharienne.
“Si vous estimez que l'Afrique du Sud doit bénéficier d'un traitement différent, j'y suis favorable car je pense qu'il s'agit d'un problème unique”, a déclaré M. Greer lors de l'audition, interrogé sur une éventuelle séparation de l'Afrique du Sud de toute prolongation de l'AGOA, rapporte Reuters. Lors de l'audition, M. Greer a souligné que l'Afrique du Sud avait mis en place de nombreux obstacles au commerce avec les États-Unis.
Pour le représentant américain au Commerce, l'Afrique du Sud devait abaisser les droits de douane sur les produits américains, ainsi que les barrières non tarifaires, si elle souhaitait que les États-Unis réduisent leurs propres droits de 30 % sur les biens sud-africains.
Un porte-parole du ministère sud-africain du Commerce a déclaré mercredi à Reuters que le pays restait déterminé à être inclus dans toute prolongation de l'AGOA et continuerait à plaider pour un renouvellement de l'initiative dans sa forme actuelle.
Les tensions sont toujours vives entre Washington et Pretoria, après le boycott américain d'un sommet du G20 organisé par l'Afrique du Sud le mois dernier. Les États-Unis ont même annoncé qu'ils excluraient l'Afrique du Sud du sommet du G20 prévu à Miami l'année prochaine.
Le secrétaire d'État Marco Rubio a accusé la semaine dernière le gouvernement sud-africain de racisme envers ses citoyens blancs, une allégation également formulée par le président Donald Trump, mais largement discréditée.
L’AGOA contribue à dynamiser les relations commerciales entre l’Afrique et les Etats-Unis. En juillet dernier, les échanges commerciaux entre les deux partenaires ont atteint un sommet à 7,8 milliards de dollars (contre 7 milliards en juin) du fait de la hausse de 22 % des exportations africaines.
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