En décidant de boycotter le sommet du G20, prévu les 22 et 23 novembre courant en Afrique du Sud - une première pour le continent -Trump a mis en perspective le fossé qui sépare Washington de Pretoria.
Pourtant, il semblait que les malentendus avaient été aplanis à l'issue de l'entretien entre les présidents sud-africain et américain, le 21 mai dernier dans le bureau ovale à Washington. On se rappelle que Trump avait surpris l’opinion en piégeant Cyrille Ramaphosa, sur des accusations sans fondements de maltraitance des fermiers afrikaners.

Selon l'économiste Yves Ekoué Amaïzo, fondateur du think tank Afrocentricity, Donald Trump se situe dans une logique transactionnelle qui induit des deals et par conséquent des rapports de force. C’est pourquoi, explique-il, le dirigeant américain préfère les négociations bilatérales aux deals multilatéraux. En s'attaquant à l’Afrique du Sud, “le président américain vise indirectement le maillon le plus faible des Brics”.
En prônant le multilatéralisme, les Brics, qui représentent près de la moitié de la population mondiale et 40% du PIB de la planète, peuvent contrarier les perspectives expansionnistes de Trump.
"Face à la résurgence du protectionnisme, il appartient aux nations émergentes de défendre le régime commercial multilatéral et de réformer l'architecture financière internationale", soulignait le président brésilien Lula Da Silva en juillet dernier à Rio au sommet des Brics.
Affaiblir le Brics
Au-delà de la volonté d’affaiblir les Brics via son ‘maillon faible”, l'activisme de l’Afrique du Sud dans la défense de la Palestine est “ très mal accueilli” à Washington, explique David Teurtrie de l’Observatoire français des Brics. Le 26 janvier dernier, à l’initiative de l’Afrique du Sud, la Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu une décision contraignante, demandant à Israël d’empêcher d’éventuels actes de “génocide” et de “prendre des mesures immédiates” pour permettre la fourniture “de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza”.
Fidèle à une longue tradition de lutte révolutionnaire, le président sud-africain s’est dit déterminé à poursuivre son implication dans les Brics, en dépit des “intimidations” américaines.
“Les États-Unis ne doivent pas s’imaginer que cet événement n’aura pas lieu parce qu’ils n’y participent pas. D’autres chefs d’État seront présents. Au bout du compte, on prendra des décisions essentielles, et s’ils ne sont pas là, tant pis pour eux”, a riposté Cyril Ramaphosa, interrogé à ce sujet le 12 novembre courant. “ Mieux vaut être à l’intérieur qu’à l’extérieur de la tente”, a-t-il ajouté.
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