L'ONG Emek Shaveh, qui lutte contre la politisation de l'archéologie, a dénoncé lundi une décision des autorités israéliennes d'exproprier environ 200 hectares de terres privées palestiniennes en Cisjordanie occupée, à proximité du site archéologique de Sébastia.
Le 12 novembre, le Cogat, l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, avait publié un arrêté d'expropriation d'environ 550 parcelles de terrain privé, majoritairement agricoles.
Il affirme vouloir permettre la "préservation et le développement du site" archéologique, l'une des cités antiques les plus importantes de la région.
"L'expropriation restreindra fortement l'accès aux terres agricoles et pourrait entraîner la perte d'environ 3.000 oliviers, dont certains sont vieux de plusieurs siècles", a déploré l'organisation israélienne dans un communiqué.
Inscrit depuis 2012 sur la liste des candidats au patrimoine mondial de l'Unesco, Sébastia est un site datant de l'âge du fer.
Israël s'y intéresse depuis des années et en 2023, le gouvernement avait alloué environ 8.5 millions d'euros au développement du site comme lieu touristique.
En juillet 2024, l'armée a également saisi le haut de la butte du site (qui comprend une acropole) et y a installé un point de surveillance.
Les objections des propriétaires des terres saisies et d'Emek Shaveh ont été rejetées par les autorités israéliennes en mai.
Sébastia se trouve par ailleurs en zone C, un ensemble de terres représentant plus de 60% de la Cisjordanie occupée et placé sous administration israélienne depuis les accords d'Oslo signés au début des années 1990.
Le village adjacent de Sébastia avait développé une activité touristique autour du site mais elle est désormais menacée par les démarches des autorités israéliennes, qui rendent le site moins accessible.
La Paix maintenant, une autre ONG israélienne, principalement engagée dans la lutte contre la colonisation, a souligné que cette dernière saisie de terres était la plus importante jamais réalisée pour un motif archéologique.
Selon elle, les autorités israéliennes avaient déjà saisi des terres pour des raisons liées au patrimoine archéologique à cinq reprises depuis l'occupation de la Cisjordanie en 1967.
"Ces expropriations étaient officiellement présentées comme servant le bien public, mais dans les faits, elles ont entraîné l'exclusion des Palestiniens des sites", précise l'organisation dans un communiqué.
D'après elle, les projets pour Sébastia ne feront pas exception et faciliteront surtout l'accès au site pour les Israéliens tout en réduisant celui des Palestiniens.














