La dévastation et les souffrances causées par les fortes pluies et les tempêtes qui ont frappé Gaza sont, selon Amnesty International, les conséquences prévisibles du génocide perpétré par Israël et constituent une "tragédie totalement évitable".
Dans un communiqué, l’organisation internationale de défense des droits humains a indiqué que les images dévastatrices de tentes inondées et d’immeubles effondrés à Gaza, apparues ces derniers jours, "ne peuvent être imputées uniquement aux intempéries".
"Ce sont les conséquences prévisibles du génocide perpétré par Israël et de sa politique délibérée d’empêcher l’entrée d’abris et de matériel de réparation pour les personnes déplacées", a estimé Erika Guevara Rosas, directrice principale de la recherche, du plaidoyer, des politiques et des campagnes chez Amnesty International.
Soulignant qu'Israël n'a autorisé qu'un acheminement extrêmement limité de fournitures vers la population de l'enclave, la déclaration affirme que cela confirme que les autorités israéliennes continuent d'"infliger délibérément aux Palestiniens de Gaza des conditions de vie destinées à les détruire physiquement — un acte interdit par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide".
"La dévastation et les morts causées par la tempête à Gaza constituent un nouvel avertissement pour la communauté internationale, un avertissement payé du prix de la vie de personnes qui avaient réussi à survivre à deux années de génocide perpétré par Israël", a souligné Rosas.
Elle a appelé la communauté internationale à permettre d'urgence à Gaza de se préparer aux rigueurs de l'hiver, en faisant pression sur Israël pour qu'il mette fin au blocus de Gaza et lève toutes les restrictions à l'entrée de fournitures vitales, notamment des matériaux pour abris, des aliments nutritifs et de l'aide médicale.
Le communiqué souligne qu'après de multiples déplacements de population, la destruction ou l'endommagement d'au moins 81 % des infrastructures et la désignation de près de 58 % de la superficie totale de Gaza comme zones interdites d'accès, l'immense majorité des Palestiniens vivent désormais dans des tentes délabrées ou des abris endommagés.
"Je n'arrive toujours pas à croire que nous ayons survécu aux bombardements pour que mes enfants soient tués par la tempête", a témoigné Mohammed Nassar, le père de Lina et Ghazi, décédés dans l'effondrement de leur maison gravement endommagée.
Lina, 18 ans, et Ghazi, 15 ans, sont morts le 12 décembre lorsque leur maison, située à Sheikh Radwan, s'est effondrée à la suite des tempêtes.
Des milliers de tentes transformées en mares
Mercredi, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a averti que la tempête Byron avait encore aggravé les conditions de vie déjà désastreuses de milliers de déplacés dans la bande de Gaza, dont beaucoup s'abritent sous des tentes ou dans des bâtiments endommagés.
Depuis la semaine dernière, des milliers de tentes abritant des rescapés de la guerre israélienne se sont transformées en mares, imbibant d'eau la literie, les vêtements et les provisions, et laissant des centaines de familles palestiniennes exposées au froid, sans chauffage ni abri.
Selon le bureau de presse de l'UNRWA, la bande de Gaza aurait besoin d'environ 300 000 tentes et logements préfabriqués pour répondre aux besoins les plus élémentaires en matière d'abris des Palestiniens, après la destruction des infrastructures de l'enclave lors de deux années d'attaques israéliennes.
La guerre menée par Israël à Gaza pendant deux ans a fait plus de 70 000 morts palestiniens et a ravagé l'enclave. L'offensive était censée cesser en vertu d'un fragile accord de cessez-le-feu entré en vigueur en octobre.
Cependant, les Palestiniens accusent Israël de violer régulièrement l'accord de cessez-le-feu à Gaza. Selon le ministère de la Santé de Gaza, au moins 393 personnes ont été tuées et 1 074 autres blessées lors d'attaques israéliennes depuis le début du cessez-le-feu.
Le Premier ministre israélien fait par ailleurs l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis à Gaza. Cette semaine, la chambre d'appel de la CPI a rejeté le recours d'Israël visant à bloquer l'enquête sur ses actions dans le cadre de la guerre génocidaire perpétrée dans le territoire palestinien.
