Le navire humanitaire Ocean Viking et ses 230 migrants ont accosté en France (Others)

"Le navire a accosté vers 08H50 et les personnes ont commencé débarquer", a indiqué le préfet du Var Evence Richard lors d'une conférence de presse. Un journaliste de l'AFP a vu des bus entrer sur le port militaire de Toulon.

Après trois semaines d'errance à la recherche, vaine, d'un port sûr en Italie, l'Ocean Viking, bateau ambulance affrété par l'ONG française SOS Méditerranée est accueilli en France "à titre exceptionnel" et en vertu "d'un devoir d'humanité", a annoncé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin jeudi.

Un médecin français a embarqué à bord, avant l'arrivée du navire à quai, a indiqué à l'AFP Méryl Sotty, porte-parole de SOS Méditerranée. "Le débarquement commencera d'abord par les personnes présentant des vulnérabilités particulières établies par le médecin français, puis les femmes, les enfants et les familles", a-t-elle ajouté. Les hommes, femmes et enfants à bord ont été secourus au large de la Libye et viennent pour certains de pays en guerre.

Ces personnes seront placées dans une "zone d'attente" hors du port militaire, sur un centre situé sur la presqu'île de Giens sur la commune de Hyères, à l'ouest de Toulon. Le centre d'hébergement pourrait rester une vingtaine de jours.

Les rescapés à bord de l'Ocean Viking dont 57 enfants "ne pourront pas sortir du centre administratif où on va les mettre et ne seront donc pas techniquement sur le sol français", avait indiqué M. Darmanin.

Leur arrivée en France crispe particulièrement à l'extrême droite, qui a crié au "laxisme" par la voix de Marine Le Pen tandis que la gauche et les écologistes ont salué une "décision digne des valeurs" de la France.

Expulsions directes ?

A partir de vendredi, toutes ces personnes, qui viennent de différents pays dont certains en guerre comme la Syrie, feront l'objet d'un suivi sanitaire, puis de contrôles de sécurité des services de renseignement, avant d'être entendus par l'Office français de protection des réfugiés (Ofpra), qui attribue le statut de réfugié

En pleine présentation d'un projet de loi sur l'immigration en France, qui prévoit de réformer les procédures d'asile pour parvenir à expulser davantage, l'entourage de Gérald Darmanin a précisé que "ceux qui ne reçoivent pas l'asile seront éloignés directement depuis la zone d'attente vers leur pays d'origine".

Deux-tiers des personnes ne resteront de toutes façons pas en France, puisqu'elles seront relocalisées dans neuf pays, a précisé le ministère, citant l'Allemagne qui doit en accueillir environ 80, le Luxembourg, la Bulgarie, la Roumanie, la Croatie, la Lituanie, Malte, le Portugal et l'Irlande.

Gérald Darmanin a vertement critiqué le nouveau gouvernement d'extrême droite italien qui a refusé d'ouvrir ses ports à l'Ocean Viking, alors que le droit maritime l'y obligeait: "L’Italie a été très inhumaine".

Il a annoncé la suspension "à effet immédiat" de l'accueil prévu de 3.500 migrants actuellement en Italie et promis de tirer "les conséquences" sur les autres aspects de sa "relation bilatérale".

De son côté, SOS Méditerranée a dit éprouver "un soulagement teinté d'amertume". "Les rescapés ont vécu un véritable calvaire", a indiqué à l'AFP la directrice de l'ONG, Sophie Beau. Quatre des 234 migrants que comptait le navire ont dû être évacués jeudi vers la Corse, dont trois pour raisons médicales.

Pression sur l'Italie

Il est "urgent que les États européens mettent en place un mécanisme de répartition pérenne", a plaidé une nouvelle fois Sophie Beau, alors que l'Italie multiplie les déclarations anti-migrants.

Depuis juin, un système de relocalisation, qui avait déjà connu un premier volet en 2019, prévoit qu'une douzaine d'Etats membres, dont la France et l'Allemagne, accueillent de manière volontaire 8.000 migrants arrivés dans des pays dits de "première ligne" comme l'Italie.

Cependant, seuls 117 ont été relocalisés en vertu du mécanisme adopté en juin. Un nombre insuffisant, juge l'Italie.

Depuis le début de l'année, 1.891 migrants ont disparu en Méditerranée, en tentant de rejoindre l'Europe, dont 1.337 en Méditerranée centrale, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

AFP