Les Palestiniens affluent vers le camion transportant de l'eau potable alors qu'ils sont confrontés à la menace de la faim et de la soif. / Photo: AA (AA)

Dans la nuit, le Hamas a fait état de violents affrontements dans le centre de la bande de Gaza, et l'agence de presse palestinienne Wafa a rapporté 12 morts et des "dizaines" de blessés dans un raid aérien à Rafah.

De nombreuses frappes avaient ciblé lundi les villes de Khan Younès, nouvel épicentre des combats, et de Rafah, près de la frontière avec l'Egypte où se massent désormais des dizaines de milliers de personnes fuyant les bombardements.

"Le Hamas est à son point de rupture, l'armée israélienne reprend ses derniers bastions", a déclaré lundi soir le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans une adresse télévisée.

"Le fait que des personnes se rendent (...) vient accélérer notre réussite et c'est ce que nous voulons: avancer rapidement", a déclaré à Khan Younès le chef d'état-major de l'armée Herzi Halevi, en précisant que l'armée "intensifiait" ses opérations au sud tout en consolidant sa présence au nord.

"Apocalyptique"

La situation dans la bande de Gaza est "apocalyptique", a averti lundi soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, pour qui le niveau de destruction dans l’enclave palestinienne est "plus ou moins, voire supérieur" à celui de l'Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale.

Selon l'ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans la bande de Gaza, où 1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 85% de la population.

"De plus en plus de personnes n'ont pas mangé depuis un jour, deux jours, trois jours... Les gens manquent de tout", estime le directeur de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), les déplacés à Rafah "sont confrontés à des conditions désastreuses, dans des lieux surpeuplés, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des abris".

"Il n'y a pas d'hygiène, pas de nourriture, pas d'eau... Nous n'avons pas accès à des serviettes hygiéniques; nous devons utiliser des chiffons", déplore sur place Samar Shalhoub, 18 ans.

"Nous sommes allés de Gaza jusqu'à Khan Younès puis nous avons été déplacés jusqu'à Rafah. Cette nuit, ils ont bombardé la maison et l'ont détruite. Ils avaient dit que Rafah serait un endroit sûr. Il n'y a pas d'endroit sûr", a dit à l'AFP Oum Mohammed al-Jabri, 56 ans, qui a perdu sept de ses 11 enfants dans cette guerre.

Aide sans cessez-le-feu ?

L'ONU et des organisations humanitaires ont exhorté Israël à laisser entrer davantage d'aide dans la bande de Gaza. Les autorités israéliennes ont dit vouloir contrôler les camions humanitaires qui entrent et sortent du territoire.

Lundi soir, l'armée israélienne a annoncé la mise en place de deux points de contrôle supplémentaires pour l'inspection des camions avant leur entrée à Gaza par le terminal de Rafah, une mesure qui devrait "doubler" selon elle l'entrée d'aide.

Cette mesure intervient avant une réunion spéciale, mardi, de l'Assemblée générale de l'ONU sur la situation humanitaire à Gaza après le véto américain, vendredi, à une résolution du Conseil de sécurité appelant à un "cessez-le-feu humanitaire".

L'Assemblée, dont les résolutions ne sont pas contraignantes, pourrait à nouveau se prononcer sur une résolution appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" et à la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les otages.

"Nous ne soutenons pas toujours pas un cessez-le-feu car cela laisserait le Hamas en contrôle de Gaza, mais nous soutenons absolument des pauses humanitaires supplémentaires", a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Une "pause humanitaire" est le terme utilisé fin novembre pour décrire la trêve d'une semaine à Gaza, négociée sous l'égide du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, et qui avait permis l'entrée de plus d'aide et la libération d'otages et de prisonniers palestiniens écroués en Israël.

Attaque en mer Rouge

La guerre à Gaza continue d'accroître les tensions dans la région, notamment en mer Rouge, le long de la frontière libano-israélienne, voire en Syrie et en Irak, avec deux nouvelles attaques contre les forces internationales.

Un missile tiré depuis les zones contrôlées par les rebelles Houthis a touché le pétrolier-chimiquier Strinda battant pavillon norvégien au large des côtés du Yémen sans faire de victime, a indiqué dans la nuit l'armée américaine.

Les Houthis avaient menacé samedi d'attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas une aide d'urgence. Et une frégate française avait abattu dans la foulée deux drones provenant des zones du Yémen sous contrôle des Houthis.

Après de nouveaux échanges de tirs lundi entre Israël et le Hezbollah, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, s'est entretenu avec le Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken des "attaques croissantes" du mouvement chiites libanais et du besoin pour Israël "d'éliminer cette menace".

En parallèle, le gouvernement américain s'est dit "préoccupé" par des informations du Washington Post selon lesquelles Israël a utilisé des munitions au phosphore blanc de fabrication américaine lors de frappes au Liban en octobre.

D'après le ministère de la Santé à Gaza, plus de 18.200 personnes sont mortes dans les bombardements israéliens dans l’enclave, en grande majorité des femmes et des mineurs. L'armée israélienne a fait état d'une centaine de morts dans ses rangs.

Agences