MOYEN-ORIENT
5 min de lecture
Gaza: le plan de paix de Trump globalement salué, mais accueilli avec scepticisme côté palestinien
Donald Trump a dévoilé un plan de paix pour Gaza, globalement salué par plusieurs pays sur la scène internationale. Mais du côté palestinien, le projet suscite du scepticisme en raison de la démilitarisation exigée du Hamas et du manque de garanties.
Gaza: le plan de paix de Trump globalement salué, mais accueilli avec scepticisme côté palestinien
Trump a conditionné l’avenir de Gaza à la démilitarisation du Hamas / AP
30 septembre 2025

Le président américain Donald Trump a présenté à Washington en compagnie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, un plan de paix en 20 points censé mettre fin à la guerre israélienne à Gaza et ouvrir une nouvelle phase politique dans la région. 

Mais de nombreux points de divergence subsistent et les réactions restent prudentes, notamment côté palestinien.

Trump a déclaré que son projet offrait aux Palestiniens “la responsabilité de leur destin”, en conditionnant l’avenir de Gaza à la démilitarisation du Hamas et à la fin de toute activité armée. 

Le plan prévoit le désarmement complet du Hamas, la destruction de ses infrastructures militaires et la mise en place d’une force internationale de stabilisation.

Cette dernière serait chargée, aux côtés d’Israël, de l’Égypte et de nouvelles forces de police palestiniennes, d’assurer la sécurité du territoire après la fin des combats.

L’administration quotidienne de Gaza serait confiée à une direction palestinienne “technocratique”, choisie non pas par la population mais par un “conseil de paix” international que Trump souhaite présider lui-même. 

L’Autorité palestinienne pourrait, à long terme, reprendre la gouvernance si elle met en œuvre les réformes exigées.

Réserves palestiniennes

Trump a insisté sur l’implication d’États arabes et musulmans dans la mise en œuvre du plan et dans le dialogue avec le Hamas. Il a affirmé que certains de ces pays étaient prêts à “s’engager par écrit” pour contribuer à la démilitarisation de Gaza.

Netanyahu a de son côté salué le projet, affirmant qu’il atteignait les objectifs de guerre israéliens, notamment le retour des otages, le démantèlement des capacités militaires et politiques du Hamas et les garanties de sécurité pour Israël.

Cependant, il a ajouté qu’Israël conserverait “la responsabilité sécuritaire”, y compris un périmètre de sécurité autour de Gaza “pour l’avenir prévisible”, en contradiction partielle avec la force internationale envisagée par Trump.

L’Égypte et le Qatar ont transmis au Hamas le plan en 20 points présenté par Donald Trump. Le Hamas a indiqué qu’il l’examinerait “de manière positive et objective” en concertation avec d’autres groupes palestiniens.

Sur le terrain, de nombreux Palestiniens se montrent sceptiques. Selon plusieurs journalistes sur place, les demandes de démilitarisation et d’éviction du Hamas risquent d’être rejetées, mais une partie de la population espère au moins une cessation durable des hostilités, un retrait israélien et la libération des prisonniers.

Mahmud Merdavi, dirigeant du Hamas, a critiqué le plan comme proche des positions d’Israël, vague, sans garanties et visant à limiter le soutien international à la reconnaissance d’un État palestinien.

Le Hamas affirme qu’il n’acceptera aucune proposition ne respectant pas le droit des Palestiniens à l’autodétermination et ne les protégeant pas des massacres.

Trump a averti que si le Hamas refusait le plan, Israël aurait “tout le soutien” de Washington pour agir militairement. Netanyahu a lui aussi menacé de “finir le travail” si le mouvement palestinien rejetait ou contournait les termes de l’accord.

En l’état, le plan suscite plus d’interrogations que de consensus. Il est présenté comme une solution historique, mais reste perçu par beaucoup comme un ultimatum adressé au Hamas, plutôt qu’un véritable processus de paix négocié.

Réactions internationales

De nombreux pays dans le monde, à commencer par des pays arabes et musulmans, ont salué le plan de paix dévoilé lundi par le président américain Donald Trump pour mettre fin à la guerre israélienne à Gaza.

Chez les Palestiniens, l'Autorité palestinienne a mis en avant les "efforts sincères et déterminés" de Donald Trump, selon un communiqué, et dit "accorder sa confiance en sa capacité à trouver un chemin vers la paix".

En revanche, le Jihad islamique a dénoncé "une recette pour la poursuite de l'agression contre le peuple palestinien", dans un communiqué.

La Turquie, l'Egypte, la Jordanie, l'Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, l'Indonésie et le Pakistan ont dit, dans un communiqué commun, saluer "le rôle du président américain et ses efforts sincères visant à mettre fin à la guerre à Gaza".

Ils ont affirmé "leur volonté de s'engager de manière positive et constructive avec les Etats-Unis et les parties prenantes afin de finaliser l'accord et d'assurer sa mise en œuvre".

En France, le président français Emmanuel Macron a lui aussi salué "l'engagement" de Donald Trump "pour mettre fin à la guerre à Gaza et obtenir la libération de tous les otages".

"Je souhaite qu'Israël s'engage résolument sur cette base. Le Hamas n'a pas d'autre choix que de libérer immédiatement tous les otages et suivre ce plan", a-t-il écrit sur X.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, fervent critique de l'offensive israélienne à Gaza, a salué le plan : "Il est temps que la violence cesse, que tous les otages soient immédiatement libérés et qu'un accès à l'aide humanitaire soit donné à la population civile".

Le président du Conseil de l'Union européenne, Antonio Costa, a exhorté toutes les parties à "saisir ce moment pour donner une véritable chance à la paix".

Pour sa part, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a appelé à ne pas "gâcher" une occasion de mettre fin à la guerre : "J'exhorte tous ceux qui peuvent influencer le Hamas à le faire dès maintenant".

Le gouvernement italien de Giorgia Meloni a évoqué un "projet ambitieux" et a exhorté "toutes les parties à saisir cette opportunité et à accepter le plan".

Hors de l'Union européenne, le Premier ministre britannique Keir Starmer dit dans un communiqué "soutenir fermement (les) efforts (de M. Trump) pour mettre fin aux combats, libérer les otages et garantir la fourniture d'une aide humanitaire d'urgence à la population de Gaza. C'est notre priorité absolue et cela doit se faire immédiatement".

Le responsable des affaires humanitaires de l'ONU Tom Fletcher a estimé sur X que ce plan ouvrait "de nouvelles possibilités" pour livrer l'aide nécessaire dans le territoire palestinien : "Nous sommes prêts et avons hâte de travailler - sur le plan pratique comme sur le principe - pour saisir cette opportunité de paix".

SOURCE:TRT français et agences