Les 27 États membres de l'Union européenne sont parvenus mercredi à un accord sur les prochains grands objectifs de réduction des émissions du bloc, après avoir fait des concessions pendant la nuit pour rallier les capitales réticentes avant la COP30, le sommet des Nations Unies.
Les pays de l'UE débattaient depuis plusieurs mois sur deux objectifs distincts de réduction des émissions de gaz à effet de serre : un objectif pour 2040, conçu comme une étape importante vers la neutralité carbone, et un objectif connexe qu'ils doivent présenter lors des négociations climatiques la semaine prochaine au Brésil.
Au terme de négociations marathon qui se sont prolongées presque toute la nuit, l'UE s'est finalement engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 90 % d'ici 2040, par rapport aux niveaux de 1990. Les pays membres seront toutefois autorisés à comptabiliser des crédits carbone internationaux pour atteindre cet objectif, à hauteur de 10 %.
Derrière la Chine, les États-Unis et l'Inde, l'UE reste le quatrième plus grand émetteur mondial, mais également le plus engagé dans la lutte contre le changement climatique parmi les grands pollueurs et a déjà réduit ses émissions de 37 % depuis 1990.
Des divergences entre ambition climatique et préoccupations économiques
Alors que l’Union avait jusqu’ici joué un rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique, son paysage politique a viré à droite et les préoccupations climatiques ont été reléguées au second plan pour laisser la priorité aux enjeux de défense et de compétitivité. Dans certaines capitales, on craint que la transition écologique de l'économie européenne ne freine la croissance.
Le Danemark, qui assure la présidence tournante de l'UE, a œuvré toute la nuit pour convaincre les pays les plus sceptiques, notamment l'Italie, d’accepter le compromis proposé.
L'UE devait obtenir le soutien d'une majorité pondérée des capitales pour adopter l'objectif climatique de 2040 fixé par la Commission européenne, ce qui implique des changements radicaux dans l'industrie et la vie quotidienne, dans un contexte d'inquiétudes croissantes quant aux répercussions négatives sur l'économie européenne.
Les ministres européens de l’Environnement devaient également parvenir à un accord unanime sur l'objectif d'émissions de l'UE pour 2035, appelé contribution déterminée au niveau national (CDN), que les signataires de l'Accord de Paris sont censés présenter à la COP30. Cet objectif, fixé entre 66,25 % et 72,5 %, a lui aussi été adopté dans la nuit.
"Un résultat mitigé"
Pour rallier les pays les plus réticents, les discussions de mardi ont porté sur diverses "flexibilités" pour les États membres, notamment la possibilité pour ces derniers de comptabiliser les crédits carbone internationaux utilisés pour financer des projets de réduction d’émission hors d'Europe.
La proposition de la Commission de limiter cette part à hauteur de 3 % des réductions d'émissions d'un pays pour 2040 n'a pas convaincu les partisans d'une ligne dure qui ont relevé le plafond à 10 %.
Des pays comme la Pologne et la Hongrie ont également obtenu un report d'un an, de 2027 à 2028, du lancement d'un nouveau marché européen du carbone pour les secteurs du transport routier et du chauffage industriel – ce qui, selon les critiques, risque d'entraîner une hausse des prix des carburants.
Autre concession majeure : les Vingt-Sept ont convenu que l'objectif global pour 2040 serait réévalué tous les deux ans.
Des organisations environnementales ont accusé certains pays de compromettre les ambitions climatiques de l'Union en cherchant à créer des failles dans le système.
Un diplomate européen, ayant requis l'anonymat pour évoquer ces délibérations sensibles, a défendu le compromis qui se dessine à Bruxelles, même s'il n'est "pas forcément idéal". "Dans la réalité complexe et parfois difficile, nous essayons de parvenir à un résultat positif", a-t-il déclaré.
















