Le lobby israélien est de nouveau au cœur de la politique française. Selon une enquête publiée par Mediapart, un colloque organisé lundi au Sénat français sur la lutte contre les violences sexuelles en temps de guerre serait en partie financé par le gouvernement israélien, via le lobby pro-israélien Elnet, European Leadership Network.
Organisé sous le patronage de la sénatrice centriste Dominique Vérien, ce colloque réunit notamment des figures françaises et étrangères, des parlementaires, des juristes et des représentants d’ONG, avec la ministre déléguée à l’Égalité, Aurore Bergé, parmi les intervenants. La présence d’élus et de figures du gouvernement israélien à cette manifestation soulève des questions quant à l’influence des acteurs pro-israéliens dans la diplomatie et la politique française.
Selon une enquête de Mediapart, l’association Elnet, qui organise cet événement, assurait jusque-là ne dépendre que de contributions privées, affirmant être indépendante du gouvernement israélien.
Pourtant, un document officiel accessible sur le site de l’administration des marchés publics d’Israël confirme un engagement financier du ministère israélien des Affaires étrangères à hauteur de 72 000 euros pour cette rencontre. Il s’agit du contrat signé le 17 août dernier avec Elnet, illustrant une intervention directe de l’État hébreu dans la prise en charge partielle du colloque.
Lobby israélien
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement israélien finance des initiatives d’Elnet en France. En 2020, un autre financement de près de 38 000 euros avait été accordé pour un événement organisé en partenariat avec la Ville de Nice, la Métropole et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, sans appel d’offres public.
Officiellement, l’objectif du colloque est de renforcer la coopération mondiale contre les violences faites aux femmes dans les zones de conflit, en promouvant la justice internationale et la prévention.
Toutefois, un avis favorable daté du 30 avril dernier évoque avant tout "la promotion de changements législatifs au niveau national" comme objectif principal, laissant entendre une dimension plus politique. Mediapart précise que cette participation financière du gouvernement israélien serait conforme à la volonté de renforcer la position et l’image d’Israël à l’échelle mondiale.
Selon l’enquête, cette discrétion est volontaire: le colloque n’a été ni annoncé publiquement ni présenté à l’ensemble des parlementaires. De plus, la participation d'Israël est maintenue dans une relative opacité, malgré la législation qui impose aux représentants d’intérêts de déclarer leurs activités de lobbying et leurs financements auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Cette influence israélienne s’appuie sur un réseau politique bien étendu, notamment en France où Elnet entretient des relations étroites avec certains responsables politiques. La ministre Aurore Bergé, ancienne présidente du groupe d’amitié France-Israël, participe régulièrement à des événements liés à Elnet, tout en affirmant ne pas avoir été informée du financement spécifique du colloque au Sénat.
ELNET est aujourd’hui l’un des groupes de pression les plus actifs en France en faveur de la politique du gouvernement israélien.
Inscrit officiellement comme lobby auprès de l’Assemblée nationale, ce réseau s’est imposé depuis 2011 comme un acteur majeur du débat médiatique et politique. Il mène depuis 2017, une campagne systématique pour renforcer les liens entre la France et Israël, en influençant les parlementaires français. Depuis le 7 octobre 2023, Elnet a intensifié ses actions, en organisant de nombreux voyages pour des élus français afin de gagner leur soutien à la politique israélienne génocidaire.
















