FRANCE
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Vidéos de violences policières à Sainte-Soline en France, une enquête lancée
Le ministre de l’Intérieur a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative après la publication par Libération et Mediapart des vidéos prises lors des manifestations à Sainte-Soline contre les projets de méga-bassines.
Vidéos de violences policières à Sainte-Soline en France, une enquête lancée
Les enregistrements étudiés par les deux journaux sont ceux des caméras-piétons des gendarmes
il y a 13 heures

Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a annoncé, via son cabinet, l’ouverture d’une enquête administrative quelques heures après la publication de l'enquête de deux journaux français. 

Ce matin sur France Inter, le ministre a déploré des propos inacceptables et des gestes non réglementaires mais s’est refusé à parler de “violences policières”. Il a promis qu’il y aura des sanctions.

Les journaux Libération et Médiapart ont publié, mercredi 5 novembre, le contenu de vidéos tournées le 25 mars 2023 par les caméras-piétons de gendarmes mobilisés sur les manifestations contre la création de super-bassines à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres.

À l’époque, le gouvernement a insisté sur la violence des manifestants et militants pour l’environnement, le contenu des vidéos publiées ce mercredi dresse un tableau bien différent.

Les membres de l’association des Soulèvements de la Terre étaient présentés comme des extrémistes violents.

Ces dizaines d’heures d’enregistrement révèlent des gendarmes qui se félicitent de blesser les manifestants notamment en réalisant des tirs tendus ce qui est interdit car potentiellement mortel. Ces tirs sont maintes fois ordonnés par l’encadrement militaire sur place.

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Sainte-Soline ou la dérive de la force publique

Pire, ces vidéos font entendre des forces de l’ordre qui insultent, méprisent les manifestants Ils les qualifient de “pue-la-pisse”, “d’enc*lés”, de “chiens”, parlent même du plaisir qu’ils éprouvent à blesser les citoyens qui leur font face : “Je compte plus les mecs qu’on a éborgnés, “ou encore : “Il faut qu'on les tue”.

Lors de cette manifestation, deux militants ont été grièvement blessés à la tête et sont dans le coma. Quatre véhicules de gendarmes ont été incendiés, et les forces de l’ordre ont utilisé 5 000 grenades lacrymogènes dont des grenades explosives et lacrymogènes (GM2L) qui peuvent mutiler.

Soulèvements de la Terre, dissous

La gendarmerie qui dispose de ces vidéos n’a jamais lancé aucune procédure administrative. Quatre personnes blessées lors de cette manifestation ont porté plainte et une enquête judiciaire avait été ouverte par le procureur de la République de Rennes pour violences aggravées et non assistance à personne en danger. Mais à ce jour, aucune instruction n’a abouti.

“Nous avons aujourd’hui les preuves audio et vidéo de ce dont nous nous doutions : les actes qui ont causé tant de blessures et fait frôler la mort à nombre d’entre nous ne sont pas l’œuvre d’individus particulièrement violents, mais découlent de l’ordre donné par une institution”, ont indiqué les plaignants dans leur communiqué après la publication de ces vidéos.

Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur de l’époque avait décidé la dissolution de l’association des Soulèvements de la Terre, en les accusant d’être des militants environnementaux violents mais le conseil d’État a annulé cette décision en novembre 2023.