Plusieurs conseils départementaux du culte musulman (CDCM) ont annoncé, dimanche, avoir déposé plainte contre l’institut Ifop à la suite de la publication d’un sondage consacré à “l’islam et l’islamisme des musulmans de France”. Ils dénoncent une enquête “orientée” qui contribuerait à nourrir un climat de défiance envers les citoyens musulmans.
Dans un communiqué diffusé par leurs avocats, les CDCM du Loiret, de l’Aube et des Bouches-du-Rhône estiment que l’étude publiée par l’Ifop viole le principe d’objectivité prévu par la loi encadrant les sondages d’opinion.
Selon eux, les questions posées “manquent de neutralité” et la présentation des résultats “renforce les clichés” sur les musulmans de France.
Ils accusent notamment la publication d’”entretenir le poison de la haine” en donnant une visibilité excessive à des réponses minoritaires, au détriment d’une analyse équilibrée.

Critiques sur la méthodologie
Les plaignants mettent également en cause la méthode employée. L’enquête repose sur un échantillon d’un millier de personnes se déclarant musulmanes, interrogées parmi un panel de 14 000 individus.
Selon les CDCM, cet échantillonnage, conjugué à une sélection jugée “partiale” des indicateurs, ne permettrait pas de produire un tableau représentatif des réalités sociales et religieuses.
Les plaignants ont demandé à la justice d’examiner les conditions d’élaboration et de diffusion du sondage afin de déterminer d’éventuelles responsabilités pénales. Ils appellent par ailleurs les pouvoirs publics à garantir un cadre clair pour les enquêtes portant sur les minorités religieuses, afin d’éviter ce qu’ils qualifient de “dérives discriminatoires”.
L’Ifop affirme pour sa part que le sondage s’appuie sur une méthodologie “robuste” et assume la pertinence de son travail.
La publication du sondage avait déjà suscité de vives réactions dans le paysage politique: certains élus avaient dénoncé une enquête “polémique” tandis que d’autres y voyaient un outil pour mieux comprendre les dynamiques religieuses.
Les CDCM affirment vouloir, par cette plainte, “défendre les droits des musulmans” et lutter contre des productions qu’ils jugent “stigmatisantes”.


















