Imaginez un président de la République qui reçoit un condamné juste avant son incarcération. C’est ce qui s’est passé à l”Elysée. Emmanuel Macron a reçu l’ex-président à dîner. Selon lui, cette entrevue serait "normale" "sur le plan humain".
"J'ai eu des propos publics toujours très clairs sur l'indépendance de l'autorité judiciaire dans le rôle qui est le mien", a affirmé Emmanuel Macron. "Mais il était normal que sur le plan humain, je reçoive un de mes prédécesseurs, dans ce contexte", a-t-il ajouté, vendredi, à l'Elysée.
Le président de la République s’était aussi opposé à la suspension de la Légion d’honneur de Nicolas Sarkozy après sa condamnation à trois ans de prison dont un ferme dans l’affaire Bismuth.
Si le président de la République n’a pas commenté la nouvelle condamnation et l’incarcération de son “ami politique”, cette invitation à dîner peut passer pour un traitement de faveur, voire imprégner auprès de l’opinion publique qu’il y a une justice à deux vitesses.

La classe politique française semble sous le choc après cette condamnation de l’ancien homme fort de l’UMP, aujourd’hui Les Républicains. Ainsi, Gérald Darmanin, ministre de la Justice et ancien républicain connaît bien l’homme et il a publiquement indiqué qu’il irait rendre visite à Nicolas Sarkozy dans sa prison.
Il a relevé que le ministre de la Justice pouvait "aller voir n'importe quelle prison et n'importe quel détenu quand il le souhaite". M. Darmanin a fait valoir qu'il est de sa responsabilité de s'assurer de la bonne organisation de cette détention hors norme comme de la sécurité de l'ancien chef de l'Etat (2007-2012).
Une prison surpeuplée
Cette annonce est mal perçue. Ainsi, Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, qui était l'invité de la matinale de franceinfo ce mardi, estime que cette visite “portera un coup à l’indépendance des magistrats.” Les syndicats de magistrats dénoncent une confusion des rôles.
Nicolas Sarkozy aura vraisemblablement sa cellule individuelle de 9m2.
Ce choix éviterait à l’ex-président les interactions avec les autres détenus pour assurer sa sécurité et éviter toute photographie avec l'un de ces portables qui circulent sans autorisation en détention. L’ancien président sera donc peut-être à l’isolement et pourrait ne pas aller dans le quartier dit VIP où ont été incarcérés Jean-Luc Lahaye, Samy Naceri, Patrick Balkany ou encore Claude Guéant, ancien ministre de Sarkozy.
9m2 pour une personne c’est un luxe que les autres détenus de la Santé n’ont pas. Cette prison parisienne est l’une des plus vétustes et surpeuplées en France. Les cellules de 9m2 initialement prévues pour une personne accueillent 2 à 4 personnes avec des lits superposés. Selon les derniers chiffres officiels, le taux d'occupation s'établit à 191 %, soit le double des 757 places prévues.
Pendant la guerre d’Algérie, plusieurs chefs du Front de Libération Nationale y ont été enfermés, dont Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf.
Les avocats de Sarkozy vont déposer une demande de remise en liberté. La cour d'appel aura deux mois pour examiner la demande de mise en liberté de Nicolas Sarkozy, mais l'audience devrait intervenir plus rapidement.