UNION EUROPÉENNE
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La signature de l’accord commercial UE-Mercosur jugé "prématurée" par Rome et Paris
Paris et Rome souhaitent des garanties renforcées, notamment des clauses miroirs et des contrôles sanitaires alimentaires plus stricts sur les importations agricoles.
La signature de l’accord commercial UE-Mercosur jugé "prématurée" par Rome et Paris
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, s'adresse à la chambre basse du Parlement à Rome, / Reuters
il y a un jour

L'Italie et la France ont déclaré ne pas être prêtes à soutenir, à ce stade, l’accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, le bloc commercial sud-américain, compromettant ainsi les espoirs d'une finalisation dans les prochains jours.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devait se rendre au Brésil en fin de semaine pour signer l'accord, conclu il y a un an après un quart de siècle de négociations avec le Mercosur, qui regroupe l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.

L'Allemagne, l'Espagne et les pays nordiques affirment que l'accord permettra de soutenir les exportations pénalisées par les droits de douane américains et de réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine en facilitant l'accès aux ressources minérales.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, s'est jointe au président français Emmanuel Macron pour demander un report de l'approbation de l'accord, auquel la Pologne et la Hongrie s'opposent également.

"Le gouvernement italien a toujours été clair : l'accord doit être bénéfique à tous les secteurs et il est donc nécessaire de prendre en compte, en particulier, les préoccupations de nos agriculteurs", a déclaré Meloni à la Chambre des députés, mercredi.

Elle a indiqué aux parlementaires qu'il serait "prématuré" de signer l'accord avant la finalisation de mesures supplémentaires visant à protéger les agriculteurs, ajoutant que l'accord devait comporter des garanties de réciprocité adéquates pour le secteur agricole.

Des garanties renforcées réclamées par Paris

La France souhaite également des garanties renforcées, notamment des "clauses miroir" exigeant que les produits du Mercosur soient conformes à la réglementation européenne sur l'utilisation des pesticides et du chlore, ainsi que des contrôles sanitaires plus stricts.

"Personne ne comprendrait si des légumes, du bœuf et du poulet traités chimiquement avec des produits interdits en France arrivaient sur notre territoire", a déclaré Maud Brégéon, porte-parole du gouvernement français, lors d'une conférence de presse. Les partisans de l'accord affirment qu'il ne dérogerait pas à la réglementation européenne existante en matière de normes alimentaires.

Le Parlement européen, la Commission et le Conseil, qui regroupe les gouvernements de l'UE, doivent négocier mercredi un accord sur les garanties du Mercosur, après l’adoption par les eurodéputés d’un renforcement de certains contrôles sur les importations de produits agricoles.

Le parti Frères d'Italie de Meloni a déclaré que ces contrôles restaient insuffisants pour garantir une concurrence équitable aux agriculteurs.

"Cela ne signifie pas que l'Italie entend bloquer ou s'opposer à l'accord dans son ensemble… Je suis convaincu que, dès le début de l'année prochaine, toutes ces conditions pourront être remplies", a déclaré Meloni.

Les responsables latino-américains s'impatientent, un responsable brésilien avertissant qu'il fallait agir "maintenant ou jamais". Le Mercosur poursuit en parallèle des accords avec d'autres partenaires comme le Japon, l'Inde et le Canada.

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SOURCE:TRT français et agences