L’annulation du colloque intitulé “La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines”, initialement prévu au Collège de France, provoque une large indignation dans le monde académique.
Dans une tribune publiée sur Le Monde, plus de 300 chercheurs, enseignants et intellectuels s’élèvent contre cette décision qu’ils considèrent comme “une atteinte sans précédent à la liberté académique en France”.
Selon eux, cette annulation est intervenue à la suite d’un article de presse polémique et de pressions directes exercées par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Les signataires dénoncent une “intervention politique dans le champ de la recherche” que le ministère aurait cherché à justifier “sous prétexte de garantir l’intégrité scientifique”.

Cette justification, estiment-ils, est contraire à la mission première du ministère, qui devrait être, écrivent-ils, de “protéger l’indépendance des universitaires et la pluralité des approches scientifiques”.
Les auteurs de la tribune affirment que les intervenants du colloque — issus d’institutions prestigieuses telles que l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, la School of Oriental and African Studies de Londres, l’université d’Amsterdam, l’EHESS, le CNRS ou la Queen Mary University of London — ont été “injustement discrédités, sur la base d’amalgames et d’accusations infondées”.
Ils insistent sur le fait que “leur compétence, leur rigueur et la reconnaissance internationale de leurs travaux ne sauraient être effacées par des campagnes de dénigrement”.
“Censure institutionnelle”
La tribune met en garde contre les dérives d’un contrôle politique du savoir. “La recherche n’a pas vocation à plaire ni à se conformer à un “équilibre politique” dicté par le pouvoir”, écrivent les signataires.
Pour eux, la confusion entre évaluation scientifique et contrôle idéologique met en danger les fondements mêmes du travail universitaire : “Cette interdiction ouvre la voie à une ère de censure institutionnelle où des calomnies médiatiques suffiraient à bâillonner la réflexion universitaire”.
Les chercheurs déclarent refuser que “le Collège de France devienne le réceptacle d’une telle dérive”, et rappellent que “la mission des universités et des institutions de recherche n’est pas de conforter le pouvoir, mais d’éclairer la société”.
Le Collège de France est ainsi appelé “à revenir sur sa décision et à garantir la tenue de ce colloque dans le respect de la liberté intellectuelle”, alors que le ministère est rappelé à “son devoir de protection de la recherche, non d’en devenir le censeur”.
Enfin, ils invitent “la communauté scientifique tout entière, en France et en Europe, à défendre fermement le principe fondateur de toute science : le droit de penser librement”.
Parmi les signataires figurent notamment Michel Agier, Bertrand Badie, Frédéric Bauden, Jean-François Bayart, Sophie Bessis, Judith Butler, François Héran, Pierre-Cyrille Hautcœur, Vincent Lemire et Maurice Sartre.




















