AFRIQUE
3 min de lecture
Un vent de révolte populaire secoue Madagascar
Des violentes manifestations contre les coupures d'électricité à Madagascar ont fait des morts, alors que le gouvernement a été limogé.
Un vent de révolte populaire secoue Madagascar
Un vent de révolte populaire secoue Madagascar . / AFP
30 septembre 2025

La tension est toujours vive à Madagascar cinq jours après le début des violentes manifestations à Antananarivo la capitale, dans le nord, à Antsiranana et des rassemblements signalés à Fianarantsoa (centre du pays), Toliara (sud) Toamasina (est), les centres de la contestation. 

Le président Andry Rajoelina a dissous son gouvernement lundi, en réponse aux protestations contre les pénuries d'électricité et d'eau, alors qu’un couvre-feu est en vigueur à Antananarivo de 19 h à 5 h du matin, heure locale. 

Les manifestations, qui ont débuté la semaine dernière et se sont poursuivies jusqu'à lundi, étaient en grande partie menées par des jeunes, en colère contre la détérioration des conditions de vie dans la capitale, Antananarivo. 

Les Nations Unies rapportent qu'au moins 22 personnes ont été tuées et plus de 100 autres, blessées. Un bilan contesté par le ministère malgache des Affaires étrangères.

Ce qui avait commencé comme une protestation pour l'eau et l'électricité tourne à la crise de régime d’un pouvoir éclaboussé par plusieurs scandales de corruption. 

Le mot d'ordre dépasse désormais ce ras-le-bol et vise personnellement le président. L’un des slogans est  "Rajoelina, dégage" ("Miala Rajoelina").

De nombreux manifestants reprochent au gouvernement de Rajoelina de ne pas avoir réussi à améliorer les conditions de vie, notamment en raison des fréquentes coupures de courant et des pénuries d'eau qui perturbent la vie quotidienne

Dans une allocution télévisée lundi, Rajoelina a pris acte de la colère de la population et a présenté ses excuses pour les manquements de son gouvernement. “Nous reconnaissons et nous excusons si des membres du gouvernement n'ont pas accompli les tâches qui leur avaient été assignées”, a-t-il déclaré sur la chaîne publique Televiziona Malagasy (TVM), avant de limoger le gouvernement.

Le mouvement Gen Z, instigateur des manifestations, a appelé à un nouveau rassemblement mardi malgré le renvoi de tout le gouvernement.

L’impact d’internet

Les organisateurs affirment s'être inspirés des mouvements de jeunes du Kenya, du Népal et du Maroc. À Antananarivo, les manifestants ont brandi un drapeau utilisé pour la première fois au Népal au début du mois, lorsque les manifestations ont forcé le Premier ministre du pays à démissionner.

Le mouvement à Madagascar a été largement coordonné sur les réseaux sociaux, en particulier Facebook, faisant écho à une mobilisation en ligne similaire observée au Kenya l’année dernière, lorsque des manifestations soutenues ont poussé le gouvernement à abandonner le projet de loi fiscale.

Madagascar, la plus grande île de l'Océan indien, est une ancienne colonie française indépendante depuis 1960. Près de 75% de la population vivaient sous le seuil de pauvreté en 2022, d'après la Banque mondiale, tandis que la corruption prolifère. L'ONG Transparency International classe le pays 140e sur 180 pays dans l'indice de perception de la corruption.

Lire aussi: Kenya: 16 morts dans des manifestations violentes



SOURCE:TRT Francais