Malgré les appels répétés du gouvernement à l’apaisement, la mobilisation agricole se poursuit à l’approche des fêtes de fin d’année. Sur l’autoroute A64, près de Carbonne en Haute-Garonne, des agriculteurs maintiennent depuis plusieurs jours un barrage filtrant pour dénoncer à la fois les abattages liés à l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et les accords commerciaux du Mercosur. Et selon leur leader, Jérôme Bayle, aucune trêve de Noël n’est envisagée.
Invité ce mardi sur le plateau des Grandes Gueules sur RMC Story, l’éleveur de bovins n’a pas mâché ses mots. "On attend de savoir ce que l’État doit mettre en place pour nous aider dans cette situation terrible face à la dermatose nodulaire. Il faudra un paquet de choses pour faire lever les barrages", a-t-il prévenu. Un rendez-vous avec le préfet est prévu ce mardi 23 décembre, mais, en attendant, "pas question de bouger", malgré les rumeurs persistantes d’une possible intervention des forces de l’ordre.
"On n’est pas en guerre, on est en résistance"
Sur le terrain, entre Laffite et Carbonne, les agriculteurs — principalement des éleveurs bovins — font bloc. "Le gouvernement ne nous respecte pas, ne veut pas nous écouter. Ils demandent une trêve, mais on n’est pas en guerre. On est en résistance parce que les agriculteurs n’en peuvent plus", insiste Jérôme Bayle. Le barrage, précise-t-il, ne bloque pas totalement l’autoroute : la circulation est déviée et les automobilistes sont autorisés à passer.
La colère est alimentée par une situation économique jugée catastrophique. L’éleveur cite l’exemple de 90 céréaliers de son département actuellement en redressement judiciaire sur l’exercice 2024. "Une directrice de coopérative m’a dit que 30 % de ses agriculteurs n’arrivent pas à rembourser leurs approvisionnements. Ils n’arrivent même plus à joindre les deux bouts", déplore-t-il. "Des gens ont bossé toute leur vie et ne savent même pas s’ils vont tenir jusqu’à la retraite", alerte-t-il.
Pas de trêve pour les fêtes
Alors que certains blocages ont été levés au pied des Pyrénées, le mouvement des "ultras" de l’A64 entend tenir dans la durée. "Nous sommes soutenus aussi bien moralement que physiquement. Sur place, il y a du monde, les gens sont motivés", a confié Jérôme Bayle à Actu Toulouse. Les revendications sont claires : l’arrêt des abattages systématiques des troupeaux après un cas avéré de DNC, mais aussi un accompagnement financier renforcé, des aides et des exonérations.
Dans ces conditions, Noël pourrait bien se dérouler sur le barrage. "On a trois curés qui veulent venir nous soutenir, on va faire une messe de Noël", annonce l’éleveur. Les agriculteurs disent également pouvoir compter sur un large soutien populaire : klaxons d’encouragement, livraisons de nourriture en grande quantité, au point, assure Jérôme Bayle, de donner "un camion par jour aux Restos du Cœur".
Et le message est clair : si aucune mesure concrète n’est annoncée, la mobilisation pourrait encore monter d’un cran. "Si rien n’est fait, c’est Toulouse qu’on paralysera", préviennent les agriculteurs, bien décidés à ne pas lever le barrage, même pendant les fêtes.









