L’attribution des phases finales du Mondial 2030 au trio Maroc-Espagne-Portugal, recèle de nombreux enjeux économiques et d’investissements pour les pays organisateurs. Au Maroc, depuis l’annonce de l’organisation de cet événement planétaire, un climat entre expectative et frénésie s'empare des différents secteurs de l’économie.
Un vaste programme de modernisation et de construction de nouvelles infrastructures sportives est mené, incluant parmi les projets phares le plus grand stade du monde, envisagé à Benslimane. Ce projet monumental, dont le financement a été débloqué en octobre 2023, occupera un site de 100 hectares dans la commune de Mansouria (province de Benslimane). Dans la même lignée, des projets d’investissement colossaux portent sur l'amélioration du réseau de transport, la modernisation des lignes ferroviaires, ainsi que l'expansion des capacités aéroportuaires pour faciliter l'accès des visiteurs internationaux. «C'est tout un rayonnement dont bénéficie le pays avant et post Coupe du Monde», commente pour TRT Français, Zineb Bouayad, Directrice Générale de Mubawab, portail immobilier leader au Maroc.
Une embellie à deux chiffres !
Portée par l’euphorie généralisée, le secteur immobilier n’échappe pas à la tendance. En atteste la demande pour les biens immobiliers dans des villes clés comme Casablanca, Marrakech et Tanger. «À Marrakech, la demande pour des propriétés dans la tranche de 500.000 à 1.000.000 de dirhams ( soit environ entre 47 000 à 93 000 euros) a augmenté de 45%, illustrant l'attrait persistant de la ville ocre comme destination privilégiée par les familles», observe Zineb Bouayad. Cette tendance révèle au passage sa capacité à dépasser son image de repaire de la jet-set, positionnant Marrakech comme une destination accueillante pour un éventail plus diversifié de visiteurs. «Il s’agit de la 4eme année de croissance consécutive pour la ville ocre», poursuit Zineb Bouayad.
La cité ocre et son hinterland, où pullulent résidences de luxes privées et maisons d’hôtes, concentrent également la plus importante demande de villas au Maroc. Selon Mubawab, la demande pour des propriétés haut de gamme, évaluées entre 3 et 5 millions de dirhams, connaît une croissance significative, soutenue par les Marocains résidant à l'étranger.
Tanger, qui connaît une tendance haussière depuis la mise en œuvre de la ligne de grande vitesse (LGV), voit sa demande s'accentuer, notamment pour des appartements de type F3 (deux chambres et un salon), souvent prisés par les couples et petites familles. «Cette demande est particulièrement forte pour des biens d'environ 75 à 80 mètres carrés, avec un budget autour de 500.000 dirhams», souligne la directrice générale de Mubawab.
La physionomie de la métropole économique épouse celle des principales villes du royaume. A Casablanca, les studios et les appartements familiaux, notamment dans les nouveaux quartiers en développement comme Oulfa et Dar Bouazza, connaissent une forte appréciation. «D’une façon générale, 70% de la demande est concentrée sur les biens à moins de 1 million de dirhams», nous confie Zineb Bouayad. Pour ce qui est de l’investissement locatif, il se focalise de manière stratégique sur des zones comme Casablanca Finance City et le quartier de Bourgogne, ciblant des placements de valeur sûre et reconnus pour leur dynamisme économique et leur attrait auprès des investisseurs.
«120 milliards de dirhams de recettes» !
La tendance des appartements-hôtels se dessine également comme un segment en forte croissance, répondant à un besoin d'hébergement flexible pour les familles et les voyageurs d'affaires. Cependant, l'environnement législatif pour ce type d'établissement demeure en cours de développement, ce qui représente une source d'incertitude pour les investisseurs.
Afin de s’aligner sur la montée en puissance des modes d’hébergement alternatif, l’Etat a mis en place un dispositif législatif noir pour répondre aux attentes des voyageurs, mais qui s’assure que les nouvelles options remplissent les normes en matière de sécurité et de qualité. Cette anticipation législative s’avère essentielle pour l'avenir du secteur immobilier dans un contexte où les nouvelles formes de logement touristique et locatif prennent plus d'ampleur.
En co-organisant la Coupe du Monde 2030 et la CAN 2025, le Maroc s'affirme non seulement comme un pôle d'attraction international majeur, mais se révèle un marché immobilier dynamique, offrant des opportunités variées pour les investisseurs, ce qui est de nature à impacter durablement son économie.
Selon les projections de Sogecapital Gestion, société de gestion d’actifs du Groupe Société Générale (banque), le tourisme pourrait générer jusqu'à 120 milliards de dirhams de recettes en 2030, grâce à une capacité d'accueil hôtelière accrue. Dans son étude : «Coupe du monde 2030 : Impacts budgétaires et marchés financiers», la société de gestion estime qu’au-delà de l'impact urbanistique, l'impact économique prévu est considérable. Les projections suggèrent que le secteur du tourisme, avec une capacité d'accueil hôtelière grandement augmentée pour atteindre 330 000 chambres, pourrait générer jusqu'à 120 milliards de dirhams de recettes d'ici 2030, ciblant une fréquentation touristique de 17,5 millions de visiteurs en 2026.
Ces retombées ne se limiteront pas uniquement au secteur hôtelier, mais stimuleront également d'autres secteurs de l'économie, tels que les industries du BTP, les services bancaires ou encore les télécommunications.