Cité par le journal Le Monde, Christian Tein, président du FLNKS, a dénoncé “le calendrier mortifère” imposé selon lui par le gouvernement.
Les députés français doivent en effet étudier plusieurs textes liés à l’accord de Bougival signé le 12 juillet dernier sous la houlette de Manuel Valls, alors ministre de l’Outre-mer. Il est notamment prévu dans ces textes un report des élections provinciales de novembre 2025 à la mi-2026
“Le FLNKS est prêt à discuter, à se remettre autour de la table, mais pas à n’importe quelle condition”, a-t-il déclaré. Mis en examen dans le cadre de l’enquête sur les émeutes de mai 2024, Christian Tein a été autorisé jeudi par la Cour d’appel de Paris de regagner l’archipel.

Le texte, déjà validé par le Sénat, sera débattu la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. Pour le gouvernement, conduit par Sébastien Lecornu, ce report doit permettre de garantir la cohérence du processus institutionnel engagé avec l’accord.
Paris veut inscrire dans le marbre l’accord de Bougival
Le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou a, de son côté, rappelé que le texte présenté en juillet “n’était qu’un projet d’accord à défendre devant les bases”, avant que l’État “ne le transforme en compromis historique et le publie au Journal officiel alors que le FLNKS l’a rejeté”.
Selon Romuald Pidjot, membre du bureau politique du FLNKS, le maintien du scrutin en novembre permettrait au contraire de “tourner la page de la crise ouverte depuis 2024 et redonner la parole aux populations”.
Cette opposition frontale au report illustre la fracture persistante entre l’exécutif français, qui entend sécuriser le cadre de l’accord de Bougival, et le mouvement indépendantiste, déterminé à maintenir le cap vers une pleine souveraineté avant 2027. Paris semble vouloir une nouvelle fois passer en force.
Pour rappel, l’accord de Bougival, signé le 12 juillet 2025 entre l’État français et plusieurs partis calédoniens à Bougival (Yvelines), vise à définir un nouveau statut institutionnel pour la Nouvelle-Calédonie.
Le texte prévoit notamment la création d’un État de la Nouvelle-Calédonie qui serait inscrite dans la Constitution française, l’adoption d’une loi fondamentale locale, le transfert progressif de compétences régaliennes (justice, sécurité, monnaie, diplomatie) sous conditions, la mise en place d’une nationalité calédonienne coexistant avec la nationalité française, et une redéfinition du corps électoral pour les élections provinciales et le Congrès.
Le processus impose une consultation populaire en février 2026 pour valider l’accord, suivie de l’adoption d’une loi organique spéciale et la tenue d’élections provinciales en 2026, avant que le Congrès calédonien élabore la loi fondamentale locale.