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France: un enseignant de Lyon-II suspendu pour avoir relayé une “liste de génocidaires”
L’université Lumière Lyon-II a suspendu à titre conservatoire Julien Théry, enseignant-chercheur en histoire médiévale, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’un post qualifiant plusieurs personnalités de “génocidaires à boycotter”.
France: un enseignant de Lyon-II suspendu pour avoir relayé une “liste de génocidaires”
L’établissement a précisé que cette mesure conservatoire était prise “dans l’attente d’une décision de la section disciplinaire compétente” / TRT Français
il y a 7 heures

Cette décision, prise le 3 décembre, suscite depuis de fortes réactions opposées au sein de la communauté universitaire et au-delà.

Par voie de communiqué, l’université a justifié cette suspension temporaire par la gravité des contenus diffusés, estimant que “la teneur des propos et du visuel (…) n’est pas compatible avec les valeurs de la République et de l’université”. 

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L’établissement a précisé que cette mesure conservatoire était prise “dans l’attente d’une décision de la section disciplinaire compétente”, et qu’un signalement avait été adressé au procureur de la République le 25 novembre.

Le post incriminé, publié le 20 septembre sur la page Facebook de Julien Théry, contenait une liste intitulée “20 génocidaires à boycotter en toutes circonstances”, dans laquelle figuraient notamment le présentateur Arthur, ainsi que  les acteurs Charlotte Gainsbourg et Philippe Torreton, parmi d’autres signataires d’une tribune parue la veille dans Le Figaro.

Ces personnalités appelaient le président de la République à ne pas reconnaître un État palestinien sans la libération préalable des otages et le démantèlement du Hamas.

Le message a immédiatement suscité de vives critiques. La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) a dénoncé une publication “provoquant à la discrimination” et relayant un ciblage de figures en fonction de leur confession réelle ou supposée. 

Le ministre de l’Éducation nationale Édouard Geffray (centre-droit) a qualifié le post de “profondément scandaleux” et plusieurs responsables politiques, dont Laurent Wauquiez (Droite conservatrice et identitaire), ont exigé des sanctions. Le syndicat étudiant UNI Lyon (classé à droite) a ensuite diffusé une image ancienne retrouvée sur le compte du professeur, un montage visuel perçu comme “antisémite”.

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Face à ces accusations, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles estiment être une instrumentalisation politique et médiatique.

Dans un communiqué commun publié le 1ᵉʳ décembre, les syndicats CGT Lyon 2 et Sud Éducation Lyon 2 ont pris la défense de Julien Théry. Ils dénoncent un “déferlement de haine et de mensonge” déclenché selon eux par “un tweet manipulatoire de la Licra, repris par un média local, puis relayé par la presse de droite et d’extrême droite”. 

Les syndicats estiment que leur collègue “n’a fait que réagir politiquement à cette tribune”, et assurent qu’”en aucun cas celui-ci n’a constitué une liste de personnalités au nom de leur origine supposée”.

Ils reprochent également à la présidence de l’université de s’être alignée sur ce qu’ils qualifient de “concert de calomnies”. “Plutôt que de soutenir un de ses agents, qui se trouve menacé personnellement par l’extrême droite (…) la présidence crie avec la meute et livre notre collègue à une vindicte d’une violence extrême”, écrivent-ils.

Sur le Club Mediapart, une tribune de soutien à Julien Théry a été publiée le même jour. Signée par des élus, dont Clémence Guetté (vice-présidente de l’Assemblée nationale) et Gabriel Amard (député LFI du Rhône), mais aussi par des institutions comme le collectif 69 Palestine ou l’Union juive française pour la paix, elle dénonce une “grossière manipulation” et une “campagne de haine” qui, selon ses auteurs, s’inscrit dans “une offensive générale contre les libertés universitaires”.

Julien Théry, qui n’a pas pris la parole publiquement depuis le début de l’affaire, est désormais dans l’attente d’une procédure disciplinaire interne. La justice, de son côté, pourrait être amenée à se prononcer sur les faits signalés par l’université.

SOURCE:TRT français et agences