Sur l'une des autoroutes ciblées, les protestataires ont brûlé des ballots de paille et deux policiers, selon les autorités, ont été blessés lors de l'intervention des forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter de les déloger.
A l'origine de leur colère: la stratégie de l'Etat face à la dermatose nodulaire, une épizootie apparue fin juin en Savoie (est), qui passe mal et divise les syndicats agricoles français, ajoutant à un mécontentement agricole aux ressorts multiples.
Les actions se sont multipliées cette semaine. Et vendredi matin, malgré deux jours de mobilisation d'agriculteurs dans l'Ariège (sud-ouest), les services vétérinaires, sous la protection des forces de l'ordre, ont abattu 207 vaches après la découverte d'un foyer.
"Pour sauver toute la filière, l'abattage est la seule solution", a plaidé la ministre de l'Agriculture Annie Genevard dans une interview au quotidien Le Parisien.
La Confédération paysanne - un syndicat agricole - a appelé à des "blocages partout", "la fin de l'abattage total" et une vaccination élargie, dénonçant une gestion "plus effrayante que la maladie elle-même".
La Coordination rurale des Pyrénées-Atlantiques (sud-ouest) a également appelé à une mobilisation vendredi soir à deux points de l'autoroute A64, à proximité de la frontière espagnole.
A l'un deux, à Lescar, des agriculteurs ont ainsi "pénétré sur l'autoroute où ils ont "incendié des ballots de paille", a fait savoir la préfecture. "Deux policiers ont été légèrement blessés" lors de leur intervention, a-t-elle ajouté, précisant que l'autoroute allait être en partie fermée.
Plus tôt, des agriculteurs aux volants de 80 tracteurs ont bloqué l'A64 à la hauteur de Carbonne (sud-ouest), y installant un campement pour y passer la nuit, a constaté un journaliste de l'AFP. "Ce soir on sera là, demain matin on sera là", a déclaré Jérôme Bayle, figure régionale de la mobilisation.
"Seule solution"
A la dermatose nodulaire s'ajoute la grippe aviaire qui sévit toujours: les autorités ont annoncé vendredi un nouveau foyer dans les Landes (sud-ouest), principal producteur français de canards gras et réputé pour ses volailles.
Ces crises sanitaires interviennent alors que plusieurs fleurons de la production agricole française, du blé aux vignes, traversent une crise inédite. La France doit importer toujours plus au point d'entrevoir un déficit commercial en 2025 pour la première fois depuis 50 ans.
Or, le vote des 27 sur l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, dénoncé par tous les syndicats agricoles, approche et il devrait faciliter l'entrée d'importations de bœuf, volaille ou encore de sucre, en contrepartie d'exportations facilitées de voitures, machines, ou encore de vin.

La Commission européenne vise un feu vert avant le 20 décembre et une adoption au Parlement début 2026.
Les agriculteurs dénoncent une concurrence déloyale du fait de normes moins exigeantes en Amérique latine et une déstabilisation à venir des filières européennes déjà fragiles.
"Depuis des années, nous alertons: l'agriculture française est à bout, prise en étau entre des normes toujours plus nombreuses et une concurrence étrangère déloyale (...) Et qu'a fait le gouvernement ? Rien", accusent des représentants de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, à Agen.
Les propositions de la Commission européenne concernant sa politique agricole (PAC) ajoutent au malaise: non seulement le prochain budget (2028-34) pourrait être réduit de 20% mais il pourrait être "dilué" dans un grand fonds.
La France redoute une coupe particulièrement douloureuse pour ses agriculteurs, premiers bénéficiaires de la PAC avec environ 9 milliards d'euros d'aides par an, soit les deux tiers de leurs revenus.
Ces subventions sont un amortisseur vital pour de nombreuses exploitations fragilisées depuis la guerre en Ukraine.
















