UNION EUROPÉENNE
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Mercosur: des milliers d’agriculteurs en colère bloquent les rues de Bruxelles
La Copa-Cogeca, principal lobby agricole européen, a dit attendre au moins 10.000 manifestants venus de plusieurs pays.
Mercosur: des milliers d’agriculteurs en colère bloquent les rues de Bruxelles
Des agriculteurs manifestent en masse à Bruxelles alors que les dirigeants se réunissent au sommet de l'UE. / Reuters
il y a 4 heures

"On est là pour dire non au Mercosur, surtout parce qu'on a l'impression qu'aujourd'hui, Ursula veut passer en force, elle veut imposer sa loi", a protesté Maxime Mabille, un producteur laitier belge, s'en prenant à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Elle devait rencontrer dans la matinée une délégation d'agriculteurs. 

En milieu de matinée, de nombreux tracteurs tentaient de se diriger vers Bruxelles, tandis que d'autres étaient déjà immobilisés, formant une file bloquée par un cordon de police à proximité des institutions de l'Union européenne.

Cette manifestation coïncide avec la réunion au sommet des chefs d'État et de gouvernement des 27 pays membres.

La Copa-Cogeca, principale organisation représentative des agriculteurs européens, s'attend à attirer au moins 10 000 manifestants, incluant un grand nombre d'agriculteurs français. La police avait déjà recensé "plusieurs milliers" de participants avant que le gros du cortège ne se dirige vers le quartier européen.

Antoine Delefortrie, un des responsables des Jeunes Agriculteurs (JA) dans le nord de la France, a exprimé le ras-le-bol des agriculteurs face aux normes et aux contraintes, tout en dénonçant également le danger d'une "concurrence déloyale" de la part des pays sud-américains membres du Mercosur.

L'exécutif européen et le Brésil, qui préside cette alliance regroupant l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, cherchent à conclure avant la fin de la semaine un accord commercial en discussion depuis un quart de siècle, créant ainsi la plus grande zone de libre-échange au monde.

L’UE, pas prête à signer

Cependant, Mme von der Leyen doit d'abord obtenir l'approbation d'une majorité qualifiée des États membres, et plusieurs d'entre eux, comme la France et la Pologne, demandent un report de l'accord, avec l'Italie qui les a rejoints mercredi. Cela contrarie l'Espagne et l'Allemagne, fervents partisans de cet accord.

"Nous ne sommes pas prêts, le compte n'y est pas pour signer cet accord", a affirmé, ce jeudi, le président français Emmanuel Macron depuis Bruxelles.

L'accord permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, vins et spiritueux vers l'Amérique latine, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande bovine, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Ces pays sud-américains sont accusés par de nombreux agriculteurs européens de ne pas respecter les réglementations environnementales et sociales auxquelles eux-mêmes sont soumis, avec à la clé l'opportunité de vendre des produits moins chers.

Ces inquiétudes s'ajoutent à celles sur la réforme des subventions de la Politique agricole commune (PAC), que la Commission européenne est accusée de vouloir "diluer" dans le budget européen.

"L'Union européenne propose une réduction de plus de 20% du budget de la prochaine PAC (sur la période 2028-2034), tout en poursuivant la ratification de l'accord commercial avec le Mercosur. C'est purement inacceptable", a protesté la Fédération wallonne de l'agriculture (FWA).

Pour certains agriculteurs français, la gestion par le gouvernement Lecornu de l'épizootie de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) vient aussi amplifier le mécontentement.

André Coupey a quitté dans la nuit sa campagne au sud de Lille pour manifester sa solidarité avec les éleveurs. "On peut comprendre leur désarroi avec l'abattage systématique" du cheptel en cas de maladie en son sein, a-t-il fait valoir.

SOURCE:TRT français et agences