POLITIQUE
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Yémen: Riyad cible des livraisons d’armes destinées au Conseil de transition du Sud
La coalition dit avoir visé deux navires transportant une importante quantité d’armes et de véhicules de combat destinés à soutenir les forces du Conseil de transition du Sud (CTS).
Yémen:  Riyad cible des livraisons d’armes destinées au Conseil de transition du Sud
Frappes de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite sur des cargaisons d'armes au Yémen / AP
il y a 4 heures

Une coalition menée par l’Arabie saoudite a annoncé avoir ciblé une grande quantité d’armes et de véhicules de combat qui étaient en cours de déchargement depuis des navires dans un port du Yémen. Ces cargaisons militaires provenaient d’un port des Émirats arabes unis.

Le Yémen est plongé depuis plusieurs années dans un conflit interne complexe, au cours duquel différentes factions armées, vaguement regroupées sous l’autorité du gouvernement et soutenues par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, se sont affrontées entre elles.

Le CTS, qui cherche à rétablir l’ancien État indépendant du Yémen du Sud, a récemment pris le contrôle de vastes zones du pays, expulsant les forces gouvernementales et leurs alliés. Les forces gouvernementales yéménites et le CTS ont toutefois combattu ensemble les Houthis.

La coalition menée par l’Arabie saoudite a averti, samedi, qu’elle soutiendrait le gouvernement yéménite dans toute confrontation militaire avec les forces séparatistes et a exhorté ces dernières à se retirer “pacifiquement” des provinces récemment prises.

“Tôt le matin, nous avons reçu un appel nous demandant d’évacuer le port d’Al-Moukalla un quart d’heure avant la frappe”, a déclaré à l’AFP un responsable du port yéménite, sous couvert d’anonymat, n’étant pas autorisé à s’exprimer devant les médias.

“L’évacuation a été menée à bien, et la frappe a eu lieu un quart d’heure plus tard dans une zone non goudronnée à l’intérieur du port. L’incendie est toujours en cours”, a-t-il ajouté.

La coalition a visé deux navires transportant “une importante quantité d’armes et de véhicules de combat destinés à soutenir les forces du Conseil de transition du Sud”, a rapporté l’agence de presse officielle saoudienne SPA.

“Compte tenu du danger et de l’escalade que représentent ces armes, les forces aériennes de la Coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant des armes et des véhicules de combat qui avaient été déchargés des deux navires au port d’Al-Moukalla”, a-t-elle précisé.

Selon la SPA, les navires étaient arrivés du port de Fujaïrah, sur la côte est des Émirats arabes unis. L’agence a ajouté que l’opération avait été menée conformément au droit international humanitaire et qu’aucun dommage collatéral n’avait été signalé.

Des images aériennes montrant des bateaux à quai et un grand nombre de véhicules circulant dans le port ont été diffusées par la SPA.

“Moment sensible”

Cette dernière attaque intervient après des frappes aériennes saoudiennes menées le 26 décembre contre des positions du CTS dans la province yéménite du Hadramaout. Washington avait alors appelé à la retenue face à l’escalade rapide du conflit.

Le ministre saoudien de la Défense, Khalid ben Salmane, a déclaré samedi que les troupes séparatistes du CTS devaient “remettre pacifiquement” deux gouvernorats régionaux au gouvernement.

“Il est temps en ce moment sensible, de laisser la raison l’emporter en se retirant des deux provinces et en le faisant pacifiquement”, a-t-il écrit sur X.

Mais le CTS avait averti vendredi qu’il ne se laisserait pas dissuader après les frappes saoudiennes contre ses positions, menées en réponse à la prise de vastes territoires par le CTS dans les provinces du Hadramaout et d’Al-Mahra.

Samedi, des centaines de tribus yéménites se sont rassemblées à Aden pour demander aux dirigeants du Conseil de transition du Sud (CTS) de proclamer l’indépendance du Yémen du Sud, selon la chaîne Aden Independent, affiliée au CTS.

La chaîne a diffusé des images montrant une foule importante marchant et brandissant le drapeau de l’indépendance du Yémen du Sud aux côtés du drapeau des Émirats arabes unis.

Un responsable militaire yéménite a déclaré, vendredi, qu’environ 15 000 combattants soutenus par l’Arabie saoudite étaient massés près de la frontière saoudienne, sans avoir reçu d’ordres pour avancer vers les territoires contrôlés par le CTS.

Les zones où ils sont déployés se situent aux abords des territoires saisis ces dernières semaines par le CTS.

Le gouvernement yéménite est une coalition hétéroclite de groupes, incluant le CTS, maintenue par une opposition commune aux Houthis.

Les Houthis ont chassé le gouvernement de la capitale yéménite, Sanaa, en 2014 et ont depuis pris le contrôle de la majeure partie du nord du pays.

Le Yémen décrète l’état d’urgence

Le Yémen a décrété, ce mardi, l'état d'urgence après des frappes de son allié et voisin saoudien, qui accuse les Emirats arabes unis d'agir de façon "extrêmement dangereuse" dans ce pays en soutenant les séparatistes.

Déjà affaibli par un conflit de longue date avec les Houthis, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, au cœur de rivalités régionales, a vu s'ouvrir, début décembre, un nouveau front.

"En raison des risques et de l'escalade que représentent ces armes, qui menacent la sécurité et la stabilité, les forces aériennes de la coalition ont mené ce matin une opération militaire limitée visant les armes et les véhicules de combat qui avaient été déchargés des deux navires dans le port d'al-Mukalla", a rapporté l'agence officielle saoudienne SPA.

Dans un communiqué, le ministère saoudien des Affaires étrangères a exprimé ses regrets face au fait que les Emirats aient "poussé" les séparatistes à mener des opérations militaires à "la frontière sud du royaume (...) constituant une menace pour la sécurité" de l'Arabie saoudite et de la région, en ajoutant que "les mesures prises par l'État frère des Emirats arabes unis (étaient) extrêmement dangereuses". 

Le Conseil présidentiel, soutenu par Riyad, a, de son côté, indiqué qu'il annulait un pacte de défense avec les Emirats arabes unis, et déclaré l'état d'urgence sur tout le territoire.

"Les équipages de deux bateaux ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé une grande quantité d'armes et de véhicules de combat pour soutenir les forces du STC", a indiqué l'agence SPA, précisant que les navires étaient arrivés du port de Fujairah, sur la côte est des Emirats arabes unis.

Selon la même source, l'opération n'a fait aucune victime.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, avait appelé, vendredi, à la "retenue", tout en évitant de prendre parti entre l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, deux partenaires clés de Washington.

Ces nouvelles tensions pourraient fragiliser davantage encore le pays le plus vulnérable de la péninsule arabique, au centre de tensions régionales persistantes.

Le conflit ayant éclaté en 2014 entre d'un côté, le gouvernement et ses alliés, dont le CTS, et de l'autre, les houthis pro-iraniens, a fait des centaines de milliers de morts, morcelant le pays et provoquant l'une des pires crises humanitaires au monde. Une trêve conclue en 2022 est globalement respectée.

La coalition dirigée par l'Arabie saoudite avait été créée en 2015 pour apporter son soutien au gouvernement yéménite.

Les Émirats arabes unis démentent les accusations de pressions

Les Émirats arabes unis (EAU) ont démenti mardi les accusations selon lesquelles ils auraient exercé des pressions sur le Conseil de transition du Sud (CTS) du Yémen susceptibles de mettre en péril la sécurité de l'Arabie saoudite voisine.

Selon l'agence de presse officielle WAM, les EAU ont exprimé leurs “profonds regrets” suite à une déclaration saoudienne concernant leur rôle au Yémen et leur rôle présumé dans l'exacerbation des tensions entre les différentes factions yéménites.

Les EAU ont dénoncé les “allégations selon lesquelles ils auraient exercé des pressions sur une quelconque partie yéménite, ou lui auraient donné des instructions, afin de mener des opérations militaires qui compromettraient la sécurité du Royaume frère d'Arabie saoudite ou cibleraient ses frontières”.

Les EAU ont également démenti les accusations d'envoi d'armes aux forces du CTS au Yémen dans le but d'alimenter le conflit, réaffirmant leur engagement envers la sécurité et la stabilité de l'Arabie saoudite.

 

SOURCE:TRT français et agences